Au bout du stylo ?
A circonstances exceptionnelles, publication exceptionnelle. C'est le terme d'un long voyage que j'évoquerai ici aujourd'hui, celui d'une vie professionnelle au service du public des enfants et adolescents en situation de handicap, plus particulièrement de handicap mental : de 1977 à 2003 à la craie et au tableau, mais aussi à vélo et en maillot de bain, au jardin et sur les chemins, à la conjugaison et à la pâtisserie maison, aux corrections et en réunions, à la récré et au cinéma... puis de 2003 à 2015, à la coordination d'orientations, à l'élaboration et au suivi de Projets Personnalisés de Scolarisation concernant les élèves de tous âges, en situation de handicap de toutes natures, nécessitant des moyens humains, matériels, ou bien des modalités d'enseignement particulières.
L'article qui suit est extrait d'un récent bulletin syndical. Marquant les dernières étapes de mon voyage professionnel, il fait le point sur une sorte de "guerre picrocholine" dont le motif ne serait ni obscur, ni insignifiant puisqu'il s'agit de la scolarisation d'enfants en situation de handicap. Une "guerre picrocholine" où s'entremèleraient, prenant le dessus sur l'intérêt public, des pouvoirs, des errements administratifs et personnels peu glorieux. Une "guerre picrocholine" qui pourrait paraitre minuscule puisque la situation ne semble pas aussi critique ailleurs dans le département ; mais prenons garde, notre pays a beau publier parfois des lois généreuses, quand il s'agit de prévoir les moyens de leur application, et quand on se rend compte qu'on a pas les moyens de les mettre en oeuvre, ça devient une autre paire de manches. Cerise sur le mille-feuilles, le "choc de simplification administrative" est ici bien à la peine, plutôt "grande baffe de complexification administrative". Des constats analogues sont faits dans d'autres départements, parfois rendus publics comme dans l'Indre et Loire (lien ci-dessous).
Petite précision technique avant de vous engager dans la lecture de ce qui suit, si vous en avez l'envie et le courage : les CLIS (Classes pour l'Inclusion Scolaire) dont on parle ici, sont les héritières des "Classes de Perfectionnement", nées du grand mouvement d'idées de la fin du XIXème, début du XXème siècle qui a bâti une école laïque gratuite et obligatoire, déjà capable de "différenciation pédagogique". Suivent quelques liens vers des portraits d'enfants de ces classes.
Quelques sigles barbares décryptés
CLIS : Classe Pour l’Inclusion Scolaire
IA-DSDEN : Inspecteur(trice) d’Académie, Directeur(trice) des Services Départementaux de l’Éducation Nationale
CDA-PH : Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées
PPS : Projet Personnalisé de Scolarisation
IEN : Inspecteur de l’Éducation Nationale
RASED : Réseau d’Aides Spécialisées aux Élèves en Difficultés
SESSAD : Service d'Education Spécialisée et de Soins "A Domicile"
CMP : Centre Médico-Psychologique
CMPP : Centre Médico-Psycho-Pédagogique
Élèves handicapés : déni de droits et inégalités sur le territoire Côte-d’Orien,
le cas Beaunois
A la rentrée prochaine de septembre 2015, seront inscrits et en attente de place dans les CLIS 1 du département les effectifs suivants :
Vous lecteurs attentifs, aurez vite trouvé l’erreur de rentrée 2015 : 22 élèves en attente de place en CLIS dans le département, dont 15 à BEAUNE. Ni notre administration, ni la ville de BEAUNE, ne semblent gênées, et pourtant cette erreur se répète inlassablement, à bas bruit, depuis 4 ou 5 rentrées scolaires.
Vous lecteurs attentifs, aurez également remarqué que, si les élèves en attente de place en CLIS sont les plus nombreux à BEAUNE, on en trouve aussi à SEMUR et à IS-SUR-TILLE…
Ce que dit le texte en vigueur (circulaire 2009-087) :
« Il appartient à l’I.A.-D.S.D.E.N. de réaliser une cartographie des CLIS de son département, …
Le recteur est garant de la cohérence de la carte académique des CLIS, notamment concernant la possibilité pour chaque élève d’un parcours scolaire cohérent au-delà du premier degré.
Avant chaque rentrée scolaire, compte tenu des éléments d’analyse élaborés par le groupe technique départemental de suivi de la scolarisation des enfants et des adultes handicapés, créé par l’article D 312.10.13 du code de l’action sociale et des familles, l’I.A.-D.S.D.E.N. procède aux ajustements qu’il convient d’apporter à la carte départementale des CLIS en vue de répondre globalement à l’ensemble des notifications d’orientation prises par la C.D.A.P.H., en lien étroit avec la carte des établissements et services médico-sociaux qui ont à intervenir dans les écoles pour contribuer à la réalisation des P.P.S. Ces ajustements sont présentés aux instances paritaires départementales consultatives selon la réglementation en vigueur…
L’association des collectivités locales permet de créer les conditions favorables au bon fonctionnement des CLIS (disponibilité de locaux, présence de personnels de service qualifiés, financement de certaines dépenses...). Elle doit donc être activement recherchée… »
Ce que l’IA-DSDEN ne fait pas en Côte d’Or :
A la place d’une gestion départementale raisonnée, honnête et transparente, observant finement les flux d’élèves dans le temps et sur l’ensemble du territoire départemental, au lieu du « Groupe technique départemental de suivi de la scolarisation des élèves et des adultes handicapés» défini dans le texte et qui n’existe pas en Côte d’Or, on laisse à l’IEN la responsabilité de porter seul auprès de l’IA-DSDEN un projet d’ouverture de CLIS dans sa circonscription.
Dans les faits, ce sont l’ancienneté, les amitiés diverses, la sensibilité au handicap, l’aura de l’IEN qui prévaudront sur des éléments de gestion raisonnée départementale, et conduiront l’IA-DSDEN à décider, puis le recteur à être garant. Tout se passe comme si chaque IEN cherchait à tirer la couverture CLIS à lui : ainsi assiste-t-on chaque année à une apparition de CLIS sortant de la carte scolaire comme le lapin du chapeau du magicien, ou poussant au hasard comme des champignons au bord de la route (PONTAILLER, LACANCHE, GEVREY, DIJON Champs Perdrix…).
Au lieu d’une « association des collectivités locales pour créer des conditions favorables au bon fonctionnement des CLIS », dans notre département, l’IA-DSDEN accorderait aussi aux Maires le pouvoir abusif de refuser l’ouverture d’une CLIS. Ce fut le cas à BEAUNE en 2014.
Ce qui se passe à BEAUNE :
N’en déplaise à l’IA-DSDEN colportant ça et là des chiffres qu’on lui a soufflés faux, à BEAUNE pour 4 places disponibles, se présentent 19 enfants, soit 19 décisions de CDA-PH (Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées). Et ce nombre de 19 ne suffit pas à refléter les besoins réels de l’école publique dans le secteur, puisqu’en plus de ces 19 enfants, 2 familles cette année ont fait le même choix contraint du privé payant catholique que 3 autres l’an passé. Ce nombre de 19 ne suffit pas à refléter pas les besoins réels de l’école publique à BEAUNE, puisque depuis deux années, avec des RASED décimés dans la circonscription, le travail de repérage et de prévention ne peut pas être sérieux. Pire, des dossiers ne sont pas montés, ou sont montés hors délais par défaut de bilan psychologique réalisé dans les temps ; ainsi aujourd’hui 2 dossiers sont encore en cours d’étude.
En juin 2014, sous la pression répétée et courageuse des délégués du personnel, au terme de l’année scolaire et au mépris de conditions polies, confortables, alliant compétence et réflexion telles que décrites dans les textes, en juin 2014, comme un os à ronger, l’IA-DSDEN a jeté « une CLIS à BEAUNE sous réserve d’accord du Maire ». Muet, sourd, coi… ainsi le Maire s’est comporté… comprenne qui peut !
En juin 2015, malgré les interventions anticipées et étayées des délégués du personnel, l’IA-DSDEN, mal renseignée et peut-être lassée, lâche BEAUNE, soit disant au profit de GEVREY-CHAMBERTIN plus nécessiteuse. En juin 2015, des services de soins, des associations de parents d’enfants handicapés beaunois s’émeuvent et interpellent nos administrations. En juin 2015, la mobilisation parentale locale des familles et des délégués prend également le relais de l’indignation en accompagnant des réclamations. A celles-ci le Maire répond : « … Ces décisions de création de CLIS relèvent uniquement de l’Etat, seul compétent en la matière, et non du Maire. J’ai toujours soutenu et je soutiens de tout cœur les parents d’élèves ainsi que les enseignants touchés par la nouvelle carte scolaire et porte une attention toute particulière à la défense des enfants en situation de fragilité. Je vous rappelle, à toutes fins en ce sens, que BEAUNE héberge déjà trois CLIS (deux publiques et une privée) et que l’Inspection Académique ouvre à cette rentrée une nouvelle CLIS dans ma circonscription, à GEVREY-CHAMBERTIN… » .
Si à BEAUNE, l’école pour tous donnait l’occasion d’un bien triste jeu de drôles de pouvoirs, à ce jeu du chat et de la souris, du seigneur et du mammouth, où la bergère renvoie au berger puis vis et versa, il n’y a que de grands perdants :
- en premier lieu les enfants en situation de handicap, leurs familles, leurs enseignants,
- mais aussi l’estime du citoyen à l’égard des administrations qu’il élit et qu’il finance.
Halgaro
En réponse citoyenne et compétente à la bergère et au berger :
En n’accordant pas les moyens nécessaires, en n’ouvrant pas de CLIS supplémentaire dans une école publique de BEAUNE à la rentrée scolaire prochaine, l’IA-DSDEN piétine les droits des enfants en situation de handicap et méprise l’expertise de la Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées. Il n’existe pas dans notre pays de plus haute autorité qui soit experte à la fois en matière médicale, scolaire et sociale que les MDPH et, en leur sein, les CDA-PH. Toute tentative de minimisation pédagogique était, est, et sera honteuse. La CDA-PH expertise des besoins et ouvre des droits que ni l’IA-DSDEN, ni le Maire de BEAUNE ne seraient autorisés à discuter. Les enfants en attente de place en CLIS en premier lieu, mais aussi leurs familles, et bien sûr leurs enseignants, sont pédagogiquement et administrativement « maltraités ».
Gilbert PINNA
Ces 19 (+ 5, + 2) enfants ne sont pas issus d’une génération spontanée subitement apparue au printemps 2015. Il n’y a pas de « sergent recruteur local ». Le nombre croissant de ces enfants représente la simple accumulation de plusieurs années scolaires de défauts de gestion, de défauts d’association de la collectivité territoriale de la part de notre administration Education nationale Côte d’Orienne.
Ces 19 (+ 5, + 2) enfants ne sont pas des demandeurs d’asile pédagogique venus de loin profiter des belles écoles beaunoises. Non, ils sont beaunois dans leur immense majorité. Quand bien même un esprit administratif retors et abscons imaginait que ces 19 (+ 5, +2) jeunes beaunois pourraient à leur tour aller demander asile pédagogique à GEVREY-CHAMBERTIN, CHATILLON-SUR-SEINE, VENAREY-LES-LAUMES ou PONTAILLER-SUR-SAÔNE, ce serait alors aux frais du Conseil Général pour des transports accordés au titre du handicap, et aux frais de la ville de Beaune pour le coût de la scolarité !
Un enfant scolarisé en CLIS ne coûte pas plus cher en frais de scolarisation à sa commune de résidence que lorsque ce même enfant était scolarisé dans une classe ordinaire. Au contraire, il contribue à enrichir humainement et pédagogiquement les climats d’une école, les relations et les échanges entre enseignants, entre camarades. Avoir une CLIS dans son école, avoir des CLIS dans sa commune n’est pas une charge ni une honte, mais bel et bien un devoir doublé d’une fierté citoyenne.
Beaune et ses peines multiples :
A BEAUNE, si tu es enfant en situation de handicap en attente de place en CLIS depuis 1, 2 ou 3 ans, tu as certainement la malchance d’être aussi en attente de place au SESSAD, dont tu attendras les accompagnements entre 3 et 5 ans. Tu attendras plusieurs mois une consultation au CMP ou au CMPP. Tu risques de trouver porte close chez les orthophonistes et les psychomotriciens beaunois surchargés. Double, triple, quadruple quintuple… on ne compte plus les peines !
Fernand DELIGNY - 1943
Et si parmi tous ces enfants en attente de place en CLIS à Beaune se trouvait celui d’un IEN et celui d’un avocat, en serions-nous là aujourd’hui ?
Fernand DELIGNY - 1943
S’il vous plait, prenons le temps de réécouter Léon BOURGEOIS, Ministre, Président du Conseil, Prix Nobel de la paix, préfaçant en 1907 de ces mots de l’époque un ouvrage célèbre d’Alfred BINET :
« Quelle tristesse de penser que les enfants à qui une infirmité originelle ou acquise rendait l’instruction plus précieuse et nécessaire, étaient précisément ceux qui se voyaient exclus du bénéfice des lois scolaires »
Francis MIGNARDOT
Responsable ASH secteur de BEAUNE pour le SNUIPP 21
juin 2015
Compte Rendu Réunion n°1 du mardi 16 juin 2015 16 Présents : Parents, enseignants spécialisés, AESH, orthophoniste, membres ou responsables des associations Trisomie21, APF et ENH. Excusés mais en soutien : SESSAD Arpège, SESSAD La Source, FCPE, enseignants spécialisés ou non, AVS. Invités mais sans réponse : SESSAD Mirabeau, SESSAD Tilleuls, SESSAD La Boisnière, SESSAD IRECOV.
http://ensemblepourleselevesensituationdehandicapdansle41.over-blog.com
Dans la famille de Patapic, il y avait déjà six enfants. Seuls trois d'entre eux, dont Patapic, ont eu besoin de plus de temps et d'astuces pour aborder les choses compliquées que sont la lecture et le calcul.
http://f6mig.canalblog.com
Les têtes se lèvent une à une du livre de lecture ou du cahier du jour. L'étonnement de cet instant suspendu passe de table en table, cherchant sa raison. Nassera la première avait senti que quelque chose se passait dans son dos. Arnaud regarde Nassera qui regarde le maître.
http://f6mig.canalblog.com
Christophe, rond comme son papa, terrorisé par la vie sa complexité et sa brutalité, à 10 ans ballottés connaît les coups, les bistrots et la cellule de dégrisement. Celle où dort papa pendant que lui attend, sur le banc de bois de la petite gendarmerie.
http://f6mig.canalblog.com
où l'encre coule directement sur le papier et transperce parfois les pages de Sartre, Camus, Duras et Kafka
http://gilbertpinnalebloggraphique.over-blog.com