Promenade en terroir viticole - Puligny-Montrachet
On dit qu'il se vinifie ici les plus grands vins blancs au monde... ?! C'est à boire, à boire, à boi-re...
Ce dont je suis certain par contre, c'est de la taille démesurée, mais mesurable au cm près, de la grappe qui orne l'entrée du village depuis la route nationale.
Températures de saison, lumière rasante s'orangeant en déclinant, cet après-midi de lendemain de fête offre au terroir à grands crus matière à déguster "à l'œil nu". L'idéal aurait été de prolonger "à verre rempli", devant un bon feu de cheminée, quelques noix ou chataîgnes, pain frais et comté ou jambon persillé...
La saison de la taille débute et durera plusieurs semaines.
"Taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars" suggère le dicton vigneron, mais les superficies trop importantes ne permettent plus de repousser cette tâche jusqu'au terme de l'hiver.
Le dicton préservant la période de repos la plus longue possible à la plante en évitant les gelées, n'est plus d'actualité. C'est là, parmi les travaux de la vigne présentés sur la place du village, le seul qui ne soit pas encore mécanisable.
Le seul qui ne soit pas encore mécanisable, mais pour combien de temps encore ? Le sécateur du tailleur est aujourd'hui électrique, et le travail est toujours exécuté avec concentration, au pas de l'homme...
Vincent et sa jument "Jasmine" au mois de mai, la chienne "Fifi"
parfois même celui du cheval pour d'autres travaux.
Pour combien de temps encore la taille restera-t-elle un travail manuel délicat, demandant l'oeil de l'observation, le savoir cultivé, avant la décision humaine tranchante et définitive ?
La Bourgogne, celle des premiers et grands crus, est pour l'instant en "parcelle" préservée d'une mécanisation à outrance. Souhait de respect des méthodes traditionnelles, mais aussi morcellement et configuration biscornue de bon nombre de ce que l'on appelle aujourd'hui "les climats", devraient imposer le travail humain et offrir encore de l'emploi dans la côte.
La vigne est souvent représentée de manière mythologique et orgiaque. Ici, au cœur de PULIGNY-MONTRACHET, on a choisi d'être réaliste et d'évoquer 5 travaux en tenue, et avec les outils du siècle passé :
attacher les sarments (les baguettes), aérer et désherber la terre, porter la hotte des vendanges, tailler et sulfater.
Le vieux bois est éliminé.
Les pieds âgés prennent au fil des décennies des silhouettes fantasmagoriques.
"à vot'bon coeur m'sieurs dames"
Le fin manteau neigeux révèle ce qui habituellement par sa couleur, se confond à la terre, cette marne argilo-calcaire si collante d'ordinaire, aujourd'hui maintenue, rassemblée, solidifiée par le gel.
Gare au dégel qui, de collée, rendra la terre de vigne encore plus collante !
De chaque pied on ne gardera qu'une baguette de six yeux (bourgeons), et un courson de deux yeux.
Le reste des sarments est brûlé sur place...
ou attend d'être broyé.
L'automne flamboyant et les périodes enneigées sont probablement les époques de l'année les plus seyantes à nos paysages de vignes.
Illuminés par le soleil hivernal, les sarments révèlent généreusement leur couleur ocre. "Terre de Sienne" ou terre de vigne ?
Matières à Grand Cru, nous sommes ici entre BLAGNY et PULIGNY-MONTRACHET.
Le coucher de soleil sur CHASSAGNE MONTRACHET invite au chaud ; demain lundi, le terroir s'animera, et l'on verra monter dans le ciel laiteux du petit matin les fumeroles des braseros.
Si tous, nous "préférons le vin d'ici à l'eau de là", le village n'est pas dupe. Il a su aussi bien signaler ses vespasiennes car "le vin se boit et se garde, mais l'eau se pisse".
Pour ceux qui souhaiteraient encore se promener dans les vignes par temps de neige, accompagnés d'un peu de patois et d'un soupçon d'histoire, mais dans le terroir de CORTON-CHARLEMAGNE, c'est possible (et recommandé) ici :
F6 - balade de janvier 2010
article importé et repris en janvier 2015