Sur la route de Dijon (27/02/2012)
Sur la route de Dijon, la belle diguedi, la belle diguedon...
Départ à 11h, il ne reste que 5 ou 6 Salers à vendre sur la place du foirail de RIOM ès MONTAGNES et mon arrêt à bicyclette aura suscité l'étonnement muet des maquignons et éleveurs présents. Le silence d'abord, puis peut être bien quelques commentaires goguenards... "belle bête" ! Vous et moi qui nous interrogions il y a peu sur l'utilité des cornes des vaches, au delà d'offrir un soupçon de frisson à nos petits enfants, j'ai trouvé une réponse aujourd'hui sur la route de DIJON...,
à TRIZAC entre pré et étable, "les cornes... ça me sert à me gratter le dos...
... nan mais...
et c'est pour ça qu'on les a longues nous autres Salers !"
La Salers est une vache très maternelle qui ne donne son lait qu'à son veau. A son veau ainsi qu'à son éleveur, mais à condition que celui-ci soit rusé. Il lui faut présenter le veau d'abord, qui tête quelques secondes, puis le seau ou la trayeuse ensuite, à condition d'avoir attaché le veau à une patte avant de sa mère !
Sur la route de DIJON, cette caractéristique maternante propre aux vaches Salers, est immortalisée dans la pierre...
... entre TRIZAC et VALETTE où le massif du PUY DE SANCY domine l'horizon de son MONT DORE.
Sur la route de DIJON, non, non, non, point de fossiles de stégosaures échoués au fossé...
... mais le superbe toit de lauzes rénové du four banal à l'entrée de LA MONSELIE.
Au dessus de SAINT ETIENNE DE CHOMEIL, après s'être extrait en montée du cours du SOULOU, sur la crête la pause est brève, fraîcheur oblige. Je retrouve cette sensation agréable oubliée l'hiver, de se sentir grandi après quelques minutes de pause. Repartir plus grand, plus fort, sur une bicyclette où tout redevient plus facile, jusqu'à la prochaine pause ! Retrouver le plaisir de la lecture de la carte qui prend forme en 3 dimensions sous les yeux...
Sur la route de Dijon, la belle diguedi, la belle diguedon...
... il y a... DIJON !
... pas le DIJON qui m'a vu naître, celui de la moutarde et du cassis, des 250 000 habitants englués depuis plusieurs années dans les grands travaux du tramway, de rénovation de l'hôpital et des vieux immeubles frappés d'alignements au bord des grandes artères.
DIJON dans le Cantal, hameau de LE MONTEIL : une dizaine de maisons, probablement guère plus de 25 habitants.
Sur la route de Dijon, la belle diguedi, la belle diguedon...
Il y avait une fontaine, la diguedondaine,
Il y avait une fontaine, aux oiseaux, aux oiseaux.
La fontaine est bien là qui m'attend, remémorant cette chanson apprise à l'école en classe de CE1 pour une grande fête publique. Chanson traditionnelle enfantine ?
Près d'elle un joli tendron
La belle diguedi, la belle diguedon
Pleurait comme une madeleine, la diguedondaine,
Pleurait comme une madeleine, aux oiseaux, aux oiseaux
¤¤¤
Passe par là un bataillon,
La belle diguedi, la belle diguedon,
Qui chantait à perdre haleine, la diguedondaine…
¤¤¤
Belle, comment vous nomme-t-on ?
La belle diguedi, la belle diguedon,
On me nomme Marjolaine, la diguedondaine…
¤¤¤
Marjolaine c'est un doux nom,
La belle diguedi, la belle diguedon,
S'écria un capitaine, la diguedondaine…
¤¤¤
Marjolaine qu'avez-vous donc ?
La belle diguedi, la belle diguedon,
Messieurs j'ai beaucoup de peine, la diguedondaine...
¤¤¤
Paraît que tout l'bataillon,
La belle diguedi, la belle diguedon,
Consola la Marjolaine, la diguedondaine…
¤¤¤
Si vous passez par Dijon, La belle diguedi, la belle diguedon,
Allez boire à la fontaine, la diguedondaine.
A cet âge là en CE1, nous devions être plusieurs centaines à entonner "Sur la route de Dijon" en polo à la couleur de notre école sur la pelouse du grand stade... de Dijon !
Que tout le bataillon console Marjolaine, n'évoquait rien à aucun d'entre nous qui braillions la "di-gueu-don-dai-ai-neu" sans nuance. Je suspecte tout de même nos maîtres de l'époque d'être bien moins innocents et d'avoir fait passer un chant pratiquement paillard pour une anodine chanson enfantine. Il ne me semble pas qu'il y ait eu d'autres fêtes des écoles publiques aussi massives.
En s'élevant un peu au dessus de DIJON le panorama sur le massif du SANCY doit offrir de bien beaux couchers de soleil aux dijonnais, bien plus beaux que ceux sur le Mont Afrique dont doivent se contenter les dijonnais.
© F6
Texte et photos de février 2012
NB : En cliquant sur chaque photo celle-ci s'ouvre bien plus nette dans une nouvelle fenêtre. En bas à gauche, deux flèches permettent de faire défiler toutes les illustrations de la publication.
Post scriptum (octobre 2013) : J'ai repris hier matin sous le soleil une partie de ces petites routes cantaliennes. Depuis quelques temps, j'apprécie d'emporter avec moi la carte au 1/25000 et de m'engager sur des sentiers plutôt pédestres ou VTT. Filpignon, solidement charpenté et à la dentition vorace m'y autorise.
Nos sorties sont plus courtes en kilométrage. Parfois je mets pied à terre et fais un brin de causette à Filpignon pour retrouver du souffle dans des "coups d'cul" caillouteux ou boueux. Je découvre d'autres points de vue plus singuliers, préparant ainsi les promenades familiales de l'après-midi. Hier donc, j'ai retrouvé mon souffle devant ce panorama qui venait tout juste de me le couper :
Hier aussi j'ai constaté que les belles Salers sont toujours là cornues, prenant le chaud soleil d'automne paisiblement.
Toujours aussi brunes et bouclées certes, mais que se passe-t-il dans les prairies ? Serait-ce par patriotisme que les prés se parent de troupeaux tricolores ?
Non, les croisements de plus en plus fréquents entre Salers brunes et Charolaises blanches, donnent naissance à des veaux tout beaux, bien blonds-roux.
Affaire à suivre !