CHAGNY : pas d'art ménagé !
Sous le pseudonyme "Mouise Lichel", un lecteur de passage ici réouvrait et commentait une page ancienne :
Hélène , et son homme m'ont épaté qui, sans avoir la moindre idée au départ, ont trouvé l'auteur du truc et avancé une théorie des nombres ; peut-être même ont-ils localisé le machin !? ... et que ceci n'est pas un urinoir... ...
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Les habitants de CHAGNY (chagnotins), dont sans doute certains ont une pierre dans leur jardin et d'autres un caillou dans leur chaussure, partagent tous un "boulon" sur leur place : "Octagon for Saint Eloi". Tout au long de cet article, je m'étais efforcé de ne pas en dresser un portrait trop discourtois.
Poussé par la curiosité, j'étais allé jusqu'à présenter succinctement d'autres réalisations de Richard SERRA, et j'osais même avancer quelques arguments "ludo-poétiques" en faveur de cette forme d'art contemporain monumental : "... Tel le kaléidoscope que l'enfant fait tourner devant son œil, à chaque degré de rotation émerveillé du chatoiement de couleurs et de formes différentes, la promenade au cœur d'œuvres monumentales n’est pas un simple spectacle. Le spectateur, dont parle Richard SERRA, est également l'acteur de sa visite, créant son propre spectacle unique et changeant de formes, d'ombres, et de sensations mouvantes, en nombre infini résultant de la multiplication savante de : la déambulation personnelle x la couleur du ciel x l'angle et l'intensité de la lumière x les sons renvoyés x les températures variant x l'état émotionnel importé du promeneur x l'état émotionnel créé par l'oeuvre, sa taille, son mystère x les jeux et les rires des enfants, d'autres visiteurs x ... : toutes choses que ne saurait offrir Octagon, le boulon de CHAGNY."
Gardant à distance le ton et les éléments méprisants du propos de "Mouise Lichel", je ne relèverai qu'une affirmation énigmatique et un reproche infondé :
- "l'art n'est pas fait pour faire beau, mais pour transmettre de l'énergie (de l'émotion ? Du voir ?)"
- "évite de confondre art et marché de l'art"
afin de le questionner.
- "Mouise Lichel", explique-nous quelles énergies te transmet, et quelles émotions te procure la contemplation d'Octagon ?
- "Mouise Lichel", informe-nous du coût (et de la cote) exact d'Octagon, ainsi que de l'identité précise du débité ?
"En balade, né au vent" n'est qu'un endroit décrivant des promenades. Il explore, tente d'expliquer ou bien s'émeut de quelques curiosités le plus souvent naturelles... rien de plus en somme qu'un album de cartes postales un peu rédigées, généreusement partagées, puis chaleureusement honorées d'échanges et d'invitations. Laissant de côté ce mauvais procès en lèse-art, je remercie aujourd'hui "Mouise Lichel" de me donner l'envie et l'occasion de parcourir à nouveau avec vous quelques rues de CHAGNY.
"CHAGNY n'est pas d'art ménagé" : Monom, auteur du "Blog de la vie courante en Chine" (lien en bas de page), a le mot "tout juste" et "fort bon". Ce titre pourrait me permettre au fil du temps de vous offrir à voir, à aimer ou pas, à dire, médire ou maudire : c'est planté là, ça ne sert à rien, à rien d'autre autant le dire, et on appelle ça de l'art.
Si CHAGNY est propriétaire de quelques oeuvres indéboulonnables, elle s'efforce aussi d'être ville d'exposition permanente, mais de durée limitée. Sans doute faut-il comprendre que la ville n'achète pas, enfin pas tout, et qu'elle offre le gîte à des oeuvres dont l'artiste, auteur et propriétaire, économise du coup le garage et la publicité tout en espérant une vente. A CHAGNY, le service culturel a baptisé cette opération "Tapis rouge". Notons au passage que cette pratique tend à se répandre. Depuis octobre 2014 on peut contempler une vingtaine d'oeuvres monumentales du sculpteur d'origine belge Peter MEYERS dispersées dans la bourgade. Deux d'entre elles ont été acquises par la ville, les autres sont à acheter.
Au centre-ville, entre immeubles HLM et supermarché, Monsieur et Madame observent les passants qui vont et reviennent de leurs emplettes. Ceux-ci sont réalisés à l'échelle 1, en plaques d'acier corten "auto-patiné à corrosion superficielle forcée" très en vogue dans nos contrées actuellement. Les plaques d'acier qui ressemblent à de simples chutes retirées du rebus, sont très certainement précisément calibrées, ajustées, cintrées, mises en forme pour être ensuite soudées.
Monsieur me fait penser à une sorte de Don Quichotte hautain, et je crois entendre Madame dire :
- Chéri, n'oublie pas d'acheter une grosse boîte de petits-pois pour ce soir.
... A moins que tous deux ne soient d'élégants danseurs ?
Si j'étais père de famille habitant l'immeuble voisin, tout en recommandant à mes enfants de ne pas jouer autour et dans les gens de tôle, chaque matin je vérifierais angoissé leur carnet de vaccination anti-tétanique.
Deux cent mètres plus loin se dresse fièrement le coq emblème de notre pays. En complément de ce qu'en dit Coluche et que vous savez tous, je connais certains mâles gallinacés comme de fieffés bagarreurs ! 5 à 6 fois plus gros que l'original de griffes et de bec, celui-ci reproduit est impressionnant, mais pacifique. Bien que son perchoir ne soit pas très coquet, il est de mon point de vue la plus réussie des sculptures de vide embalé de tôle de CHAGNY.
Ailleurs emblème de la France, cet animal là pourrait être ici aussi celui du Maître-queux local de renommée internationale.
Je ne sais pas si vous aussi avez remarqué ? Depuis deux ou trois décennies, depuis qu'on préfère articuler notre circulation automobile de ronds-points plutôt que de la figer aux feux tricolores, nous tournons très fréquemment autour de nouveaux espaces muséographiques. Certains ne sont que plates-bandes fleuries circulaires, mais bon nombre, entretenus à grand renfort d'ouvriers paysagistes, sont ornés d'oeuvres plus ou moins anonymes, plus ou moins municipales. A la sortie de CHAGNY, entre supermarché, collège Louise Michel et gendarmerie, les bonshommes en pots de fleur de terre cuite enchâssés les uns dans les autres ont cédé le rond-point à un autre couple de tôle.
Et ce couple de tôle abrité des intempéries sous de longues capelines, Madame courbée derrière Monsieur, pourrait bien être un couple de vignerons si j'en juge par la coiffe à l'aspect traditionnel.
On trouvera ailleurs, au centre de villages viticoles réputés, des représentations vigneronnes plus réalistes, plus gaies... et, disons-le franchement... bien plus belles.
Autre volatile, autres emblèmes ?
Depuis son îlot séparateur, cette corneille à la posture agressive "hitchkockienne" indique-t-elle le cimetière au long mur...
... ou bien le refuge de la SPA ?
Je ne connais de Peter MEYERS que cette technique rudimentaire de plaques-art, mais je crois pouvoir affirmer que, si j'étais mon beau-père méca-magicien en réparation de 4L, 2CV, Tub Citroën, Estafettes Renault... et grand maître ès soudure, je tiendrais ce travail en petite estime. Pépé Pierre avait soudé un jour 4 outils dressés en pyramide autour des mâchoires sur un tambour de frein faisant socle, puis recouvert l'ensemble de peinture dorée. Un tournevis, une paire de pinces universelles, une clé de 13, une paire de tenailles, soit, à peu de choses près les 4 seuls outils nécessaires et suffisants pour réparer une 2CV. Quelques jours plus tard, le soir de l'arrosage du départ à la retraite, il avait offert le trophée symbolique des 4 seuls outils dont s'était servi son vieux copain Marcel une vie de fonctionnaire-mécanicien des PTT durant... à peu de choses près. Quelques années plus tard, Marcel dont la vieille 2CV était en délicatesse question freinage, fit très bien la part du futile et de l'utile. Il descendit le trophée-oeuvred'art-nidàpoussière trônant sur la cheminée, dessouda l'ensemble, puis remonta les mâchoires de frein dorées pas neuves, mais pas fichues, à une plus juste place ! L'histoire ne dit pas s'il rebaptisa sa Titine "Golden brake" ?!
Vous qui connaissez maintenant un peu mieux "CHAGNY ville d'art", devinerez-vous où se cache l'oeuvre d'art contemporain dans le cliché suivant ?
Réponse et explications dans un prochain article !
© F6
21 mars 2016
En cliquant sur chaque photo, celle-ci s'ouvre bien plus nette dans une nouvelle fenêtre. En bas à gauche deux flèches permettent de faire défiler toutes les illustrations de la publication.
Pour de longues promenades dépaysantes en CHINE avec Monom :
1_ Aujourd'hui journée nationale des femmes, même en Chine, même si on y voit rien. Alors toutes ces fleurs sont pour vous, copiez ces photos comme vous le voulez c'est cadeau. Mais t'emballes pas, laisse-moi aussi t'expliquer la version chinoise du nom de cette journée. _2_ 38 c'est le 8 mars en chinois.
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Pour voir encore un peu d'acier soudé de Peter MEYERS ici, mais ailleurs :
C'est l'article de ce jour d', "fière d'être Bourguignonne, Morvandelle..." qui m'incite à importer une série MORVAN - aujourd'hui "Vie aux vaches". Tant du côté maternel que paternel, j'ai des racines morvandelles. Le sens de cette phrase tombée dans mon oreille d'enfant, tournée et retournée au long de nombreux kilomètres de marche et de bicyclette dans cette région d'en France, reste encore énigmatique.
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Pour connaître un peu plus le travail de Peter MEYERS :