Bouilland, visite de "la cathédrale" - 3/3
Attendant sagement le printemps et la visite de quelques cryptes proposée par un connaisseur du lieu, je pensais avoir fait le tour de l'édifice, mais c'était sans compter que chaque promenade dans la "Cathédrale de BOUILLAND" apporte son lot de nouvelles découvertes. Cet automne qui n'en finit pas et ce début d'hiver laborieux qui n'en est pas un, ont offert de magnifiques journées aux promeneurs. C'était encore le cas le 27 décembre 2015, et je crois bien qu'il ne se passe pas une semaine sans que Jean-Yves ne vienne profiter de la chaleur de la pierre ensoleillée qu'il équipe en solitaire en vue de futures ascensions joyeuses et partagées.
... Et puis, l'un d'entre-vous un peu facétieux aurait bien pu demander :
- Et ça, ça se trouve où ?
- Et puis ça, il y en a un ?"...
Retournons donc dans la "Cathédrale de BOUILLAND" par le narthex de la ROCHE PERCEE, mais avant d'apporter mes réponses à des questions taquines, revenons sur la formation "de parement" des falaises calcaires.
BOUILLAND - Roches du Chatelet vues depuis le chemin de l'Abbaye Sainte Marguerite
En approchant d'un phénomène similaire à la ROCHE DUMAY quelques kilomètres plus au sud, je me suis un peu mieux représenté ce qui pouvait se passer sous nos pieds, avant d'apparaître à nos yeux sur les flancs de la roche verticale.
50 cm en dessous du sommet de la ROCHE DUMAY, entre PULIGNY MONTRACHET et GAMAY
Il resterait tout de même à savoir si l'eau qui sourd ici à 50 cm seulement du sommet de la roche et visiblement en permanence n'a voyagé que de cette modeste hauteur par gravitation, ou alors, si elle arrive de bien plus profond, poussée par la pression ?
50 cm en dessous du sommet de la ROCHE DUMAY
Mais avant ça, l'eau de pluie se charge en gaz carbonique, tout d'abord dans l'atmosphère, puis ensuite au contact de l'activité biologique des premières couches meubles du sol en ruisselant, se faufilant, puis s'imisçant sous terre. Suivant ensuite son chemin entre les fractures, les fissures et les pores de la roche calcaire, l'eau acidifiée la dissout petit à petit en emportant avec elle du carbonate de calcium.
Les effets de cette dissolution s'accomplissant dans l'intimité obscure et mystérieuse de la couche épaisse de sédiments calcaires marins peuvent cependant être observés au grand air, et de manière flagrante, dans les lapiaz souvent bizarrement percés de part en part et alvéolés, toujours lissés comme s'ils avaient séjourné dans le lit d'un torrent mais sans pour autant prendre la forme de galets.
En direct du concrétionnement : festons de calcite
Débouchant "à l'air libre", que ce soit sous terre dans une cavité, à l'extérieur à la source d'un cours d'eau, ou bien encore sur les flancs d'une falaise comme à BOUILLAND, le phénomène s'inversera. Après la DISSOLUTION de la roche calcaire nous assisterons au CONCRETIONNEMENT par dépôt, favorisé par le dégazage, le ruissellement plus ou moins lent, et l'évaporation de cette eau chargée de minéraux.
En direct du concrétionnement : comblement des festons de calcite
Avec cet enchaînement de phénomènes chimiques et physiques, la roche calcaire se voit petit à petit dissoute, transportée puis redéposée transformée dans son aspect et sa composition. Il en résulte :
- les diverses concrétions cristallisées des grottes : stalactites, voiles, draperies, stalagmites...,
- le parement de surface des falaises dans les endroits exposés aux ruissellements de résurgence,
- la formation de tuf en association avec le végétal plus ou moins loin en aval de la source des cours d'eau.
(et pour une bonne part, le tartre de nos canalisations, de nos lave-linges !)
Tout se passe donc comme si certains secteurs des falaises de BOUILLAND et d'ailleurs étaient de véritables "grottes vivantes", mais à ciel ouvert.
C'est avec un peu de tristesse pour la paroi égratignée, mais aussi avec le plaisir de la découverte que j'ai ramassé ces deux morceaux de pierre au pied de la falaise du flanc ouest de la COMBE A LA VIEILLE. J'ai bien cherché à quels emplacements ils auraient pu se rapporter sur la roche verticale..., en vain.
Le plus long des deux montre encore sous le comblement les mêmes festons que sur la paroi.
Et s'il fallait vraiment prouver que je ne suis pas allé mutiler une statue d'inspiration grecque dans un musée, observez bien la coupe du plus court et vous remarquerez quelques cernes et couches d'accroissement.
Tout se passe aussi comme si d'autres secteurs des falaises de BOUILLAND et d'ailleurs étaient de véritables tuffières, mais en miniature. Le visage de "Notre Dame de la Combe" ne serait-il pas au départ du tuf, devenu ensuite concrétion par l'effet des dépôts de ruissellement ?
Après cette éprouvante "démonstration géologique", j'entends d'ici le petit malin :
- Oui F6, tout ça, c'est bien beau..., mais moi je n'ai jamais vu une cathédrale sans cloche !?
Justement, nous y arrivons.
La cloche de la cathédrale de BOUILLAND est là, visible pour qui veut s'en donner la peine au fond de cette bizarre niche de dalles rectilignes.
La cloche de la "cathédrale de BOUILLAND" est toujours pendue, mais pétrifiée et joliment colorée.
- Et l'orgue alors, tu nous le montres l'orgue !?
Le voici, mais ce n'est qu'un orgue saisonnier.
Hep Petit malin ! Si tu étais plus sage et moins bruyant, je te montrerais même le coq du clocher...
... mais il s'est envolé !
© F6
18 janvier 2016
En cliquant sur chaque photo, celle-ci s'ouvre bien plus nette dans une nouvelle fenêtre. En bas à gauche deux flèches permettent de faire défiler toutes les illustrations de la publication.
Pour les retardataires :
"Balcons de Bouilland", ou, "Le sentier des orchidées" A Gilbert, qui, après mon père sensible et déjà bon connaisseur en matière de flore et de faune, a considérablement élargi, enrichi et documenté mon intérêt couvant pour les fleurs, les cartes, les cours d'eau, les cartes des fleurs et des cours d'eau, les récits, les récits de cartes, de fleurs et de cours d'eau...
http://f6mig.canalblog.com
Si FONTAINEBLEAU est en France "LA MECQUE" de l'escalade, c'est une cathédrale que le Grand Ordonnateur des Reliefs lui a bâti à BOUILLAND. Vue sur la face ouest de la COMBE A LA VIEILLE : le choeur et ses deux chapelles (GRAND CIRQUE à gauche, PETIT CIRQUE à droite) Muni d'une paire de bonnes chaussures et disposant d'une journée, le promeneur ne pourra en faire qu'un tour approximatif.
http://f6mig.canalblog.com
Photo de Pierre BONNET depuis sa montgolfière en vol - vue sur la COMBE A LA VIEILLE : le choeur et ses deux chapelles, PETIT CIRQUE et GRAND CIRQUE, le déambulatoire au pied des roches - CLIC (Pierre et Christiane BONNET - Air Escargot) Toute cathédrale fait l'admiration des passants pour ses dentelles de pierre ; BOUILLAND n'échappe pas à la règle.
http://f6mig.canalblog.com
Et chez Jean-Yves :
Belle ambiance hivernale cette aprem, et j'aime bien ça. C'est l'occase de retourner au "mur Bowie" : - La première voie est percée : elle se termine dans un bien beau crépi !
http://foudegrimpe.canalblog.com