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En balade, né au vent
14 mai 2015

Qui suis-je ? (4)

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Cliché du 9 mai 2015 sur les flancs de Rouquette

Qui suis-je :

     - une variété d'iris aux pétales allongés et pointus...

     - un papillon qui tire la langue...

     - une fleur d'asperge violette...

     - une libellule apprentie tombée dans un bol de teinture...

     - une coiffe de "Blubell girl" du Lido...

     - de la moisissure de guimauve...

     - une attention-clin d'oeil pour Perles de Loire alias Alroga ?

Rien de tout cela, mis à part la dernière proposition... Mais encore ? Et puis d'abord, où donc ?

Le bourg à 180 m d'altitude et le village à 313 m, sont situés dans les "basses Cévennes calcaires" du Gard, là où, tout juste sorti de terre, coule et déjà se fâche dangereusement le Virdourle court fleuve côtier. Il faut dire qu'on est ici tout juste à la porte d'entrée des grandes vallées cévenoles schisteuses, réputées pour leurs orages.

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Ce pays est "riche", riche de multiples dénominations selon l'étendue concernée et le point de vue :

     - "Basses Cévennes calcaires", par opposition aux "Hautes Cévennes granitiques" auxquelles elles sont reliées par les "Cévennes schisteuses", concernera le naturaliste, le géologue curieux de la formation, du relief et de la nature des sols, de leurs empreintes diverses sur les activités humaines,

     - "Vidourlenque", si l'on considère le cours de ce fleuve et la province romaine. Aujourd'hui ce terme semble plus investi par le sud du court du Vidourle, la tauromachie, la fanfare, la restauration.

     - "Pays cigalois", s'appliquera aux environs proches du bourg de SAINT HIPPOLYTE DU FORT dont les habitants sont encore nommés aujourd'hui "cigalois et cigaloises". Deux légendes autour de la cigale insecte chantant, et une interprétation sémantique de la céréale seigle, leur valent ce nom.

     - "Cévennes - Garrigues", a regroupé 15 communes, soit plus de 8 000 habitants en communauté administrative de 2003 à 2013,

     - "Piémont Cévenol", depuis 2013, ce nouveau découpage qui fait chanter les cigalois, rassemble aujourd'hui plus de 20 000 habitants en Communauté de communes.

Ce pays est "riche", riche d'une terrible histoire mouvementée par un nouvel épisode de guerre de religion. Guerre des Cévennes, ou révolte des camisards, protestants chassés, déportés, convertis par la volonté absolue du roi Louis XIV ; SAINT HIPPOLYTE voit bâtir un fort en 1689 d'où partiront de funestes dragonnades.

dragonnades

Ce pays est "riche", riche d'activités, de productions économiques et agricoles éprouvées par le temps, par l'économie mondiale et parfois la maladie. Ainsi laine, soie, cuir ont été produits et transformés localement, complétant des activités agricoles diversifiées. Les maladies auront, à des degrés divers, éprouvé la chataîgne, le vers à soie et la vigne.

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Sur la route de COLOGNAC à SAINT ROMAN DE CODIERES

Sans doute est-ce la viticulture qui aura résisté le mieux.

Du cuir, ne reste "sur la sellette" que la fabrique de chaussures de travail "Jallatte" à SAINT HIPPOLYTE. Des filatures industrielles, on ne trouve plus que que les sous-vêtements "Eminence" à SAUVES, s'en sortant semble-t-il mieux que les collants "Weill" à LE VIGAN.

Mais ce pays est riche aussi d'une forme de résistance, ou d'engagement militant artisanal, artistique, agricole... Ainsi trouve-t-on des agriculteurs bio, organisés pour la commercialisation locale de leurs récoltes et des productions traditionnelles maintenues, voire se développant à nouveau comme l'oignon doux des Cévennes, ou bien les dérivés de la chataîgne.

Du village voisin de MONOBLET et de Michel COSTA son instituteur de l'époque, sont  partis au début des années 1970 recherches, expérimentation pour le maintien et le renouveau d'un peu d'activité séricicole et de filature dans la région.

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Extrait du livre "Les chemins de la soie" - éditions "Espace écrit" 1993

Aujourd'hui encore, le Musée de la soie me disait dernièrement être livré en "graines" (oeufs) de vers à soie par Michel COSTA. 

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Extrait du livre "Les chemins de la soie" - éditions "Espace écrit" 1993

Sur la route qui mène à MONOBLET, on trouvera probablement le dernier atelier cévenol de tissage et de tricotage de soie à GREFFEUILHE :  Soieries des cévennes. 

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Un maillot à encolure "en V" brodée à 99 €, un ensemble caraco et slip à 119 €, une cagoule de motard à 37 €... attestent qu'il s'agit là de sous-vêtements peu ordinaires.

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Extrait du livre "Les chemins de la soie" - éditions "Espace écrit" 1993

Qui dit vers à soie, dit obligatoirement mûriers replantés à MONOBLET pour les besoins locaux.

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Les mêmes mûriers de MONOBLET en avril 2012

Très rapidement au nord, en direction des vallées cévenoles schisteuses, les sommets approchent l'altitude de 1000 m.

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Vue en direction de l'AIGOUAL depuis le sommet de Rouquette à 524 m

Mais sur l'axe SAINT HIPPOLYTE DU FORT / MONOBLET, il faut se contenter de 3 ou 4 sommets calcaires bien plus modestes, rocailleux et escarpés, dont deux très proches sont baptisés "Les jumelles". C'est en redescendant de "Rouquette", le plus élevé des deux, que je croiserai notre inconnue du jour.

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Vue sur le sommet de la "deuxième jumelle", "St Chamant" en direction de MONOBLET depuis celui de Rouquette 

Notre inconnue était là sur les flancs de Rouquette en direction du col de l'Aubret, fièrement dressée comme une sentinelle violacée barrant le chemin, ou ce qu'il en reste.

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Inconnue élancée et violacée - mai 2015

Avant que le pays cigalois ne soit administrativement déclaré en état de catastrophe naturelle, les fortes pluies de septembre 2014 auront raviné les sentiers qui se sont transformés en véritables torrents. Huit mois plus tard et une fois passé l'hiver, la marche y est toujours très inconfortable et le chemin peut même être creusé par endroits de véritables fosses. Substrat lavé, rincé, décapé, décaissé par les pluies, notre inconnue a tout de même trouvé les moyens d'y pousser.

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Limodorum Abortivum , ou Limodore à feuilles avortées car tel est son nom, fait partie de la grande famille des Orchidacées. Elle met en oeuvre des particularités nutritionnelles complexes :  on la décrit "saprophyte", soit capable de se nourrir de matière organique en décomposition ; certains, observant ses racines soudées à celles d'arbustes ou de plantes la considèrent commensale ou parasite ; mais, contenant de la chlorophylle, Limodorum Abortivum serait bien aussi capable de synthétiser de la matière organique par photosynthèse... Gilbert dans son fleurier qualifie Limodore à feuilles avortées de "hippie" en raison de sa couleur, et de "SDF" par sa localisation irrégulière et alléatoire !

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Tout de même, la "Blubell girl" meneuse de revue du Lido la tête coiffée de Limodorum Abortivum, ça serait bien plus original que d'un diadème en toc. A moins qu'en protubérance caudale Limodorum ne soit aussi du plus bel effet !

 

F6

mai 2015

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Commentaires
P
C'est assez incroyable, la tienne, les tiennes, car je viens de voir aussi celles des autres posts, semble mesurer plus de 50 cm de haut, et la mienne ne dépassait pas les 15. Je constate d'ailleurs la même différence de hauteur pour les autres orchis aussi. Et tes prises de vues sont super car toute la fleur est nette ! :)
P
Est-ce que les fruits des mûriers sont comestibles ? Ils ressemblent aux mûres des buissons mais sont plus allongés.<br /> <br /> Je te demande ça, parce que Roger en a mangés plein en Sicile où nous plantions souvent la tente sous des mûriers. Il n'en est pas mort, je te rassure. Il n'a même pas été malade ou "dérangé". Moi, j'avais juste goûté. C'est d'ailleurs très bon !<br /> <br /> Bisous.
L
Ta route de la soie est sans doute moins réputée que l'autre, mais elle mérite sans aucun doute ce message qui comme à l'accoutumée est fort bien documenté.
A
Merci pour le clin d'oeil Francis! J'avais bien reconnu en cette jolie fleur un air de famille avec les orchidées mais jamais de semblables! Elle est vraiment particulière de part sa couleur et forme. Elle est haute sur tige! Que viennent grignoter toutes ces fourmis qui sont dessus?<br /> <br /> "Qui dit vers à soie, dit muriers...", peux-tu me dire quel est le lien entre les deux?<br /> <br /> Une région que je ne connais pas du tout où je constate que le savoir-faire disparait petit à petit.<br /> <br /> Bon we.
A
Je n'ai pas encore lu tous les liens .Mais les Cévennes me passionnent. j'aime cette région , ses habitants .Mais je ne suis pas sûre que je pourrais y vivre tout l'hiver .<br /> <br /> Je connaîs plusieurs des lieux cités , mais pas Monoblet ou alors j'ai oublié car j'ai vu l'atelier de la soie des Cévennes .<br /> <br /> Evidemment, je ne connaissais pas le nom de cette jolie fleur ( bon,je suis une grand mère , mais pas du siécle dernier pour la couleur des cheveux ;-)<br /> <br /> J'avais eu l'occasion d'assez bien connaître les habitants de Florac ( tu y es peut-être passé)où je suis allée plusieurs week ends pour des leçons d'auto école .pour quelqu'une de mes proches.habitant sur Paris .<br /> <br /> J'aime tes photos et ton histoire et je reviendrai dans ce blog .Sûr de Sûr .<br /> <br /> Bonne soirée.Bises<br /> <br /> Nicole
En balade, né au vent
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"Mais en maniant la hache et le passe-partout, j'ai laissé vagabonder mon âme dans l'espace chaud et parfumé, et elle est revenue riche d'une récolte inestimable."
Henri VINCENOT
En balade, né au vent
  • Nez au vent, l'oreille en coin, les yeux curieux, en balade à vélo, à pied, ici et là. Mise en mots, illustrations : F6. Quelques emprunts autorisés, signalés par un lien vers leurs origines. On peut aussi emprunter, en demandant, c'est plus poli.
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