J'ai vu le Président
Ce dimanche 15 janvier 2012, j'ai vu le président en campagne. Eh bien, vous me croirez si vous voulez, il fume la pipe.
Depuis les HÔPITAUX-VIEUX, entre Seigne et Grand Essart
En campagne dans le Doubs, là où le massif du Jura partage ses territoires entre deux départements ; là où la rivière Doubs prend sa source, puis, bien obligée de suivre les plis du massif, se voit imposer un cours en épingles à cheveux. Plein nord-est d'abord, après avoir fait frontière elle passe résolument en Suisse, tourne les talons brusquement et revient sud-ouest. Indécise, elle repart peu après nord-est... Après mûre réflexion, enfin décidée, elle ne retournera pas chez nos voisins et ira joindre son cours à celui de la Saône.
Il se dit que dans des temps géologiques anciens, avant la formation des Alpes et le contrecoup des plissements jurassiens le Doubs coulait paisiblement allant s'unir plein nord au Rhin...
Alors que nous étions assidus aux vacances annuelles à la neige, et même aux sorties du dimanche, voilà plus de 10 ans que je n'ai pas chaussé sérieusement les planches ; les rares fois, cela n'a pas été une partie de plaisir. J'étais donc ce week-end entre PONTARLIER et METABIEF pour tester avant achat du matériel au goût du jour, le mien étant en grande partie usé, ou incompatible avec ce qui se vend aujourd'hui. Il s'agit de ski dit de fond, ou nordique... je dirais plutôt au vu de mon niveau de pratique de balade à ski.
A la pointe sud du lac de Saint Point au petit matin
Le ski alpin de descente, réessayé récemment en décembre dans le Cantal, je le laisse à d'autres, définitivement je pense.
Ce matin même à 9h, me renseignant à METABIEF sur les accès au sommet du Mont d'Or pédestres, skiables en randonnée, ça sentait le premier bain de cuisson de frites au pied des pistes... pas là pour ça !
J'ai donc opté avec plaisir pour les HÔPITAUX-VIEUX et son domaine nordique magnifique que je découvrirai par - 5° au thermomètre et vent d'est, seul ou presque bien longtemps dans la matinée.
Village étendu des Fourgs - église au clocher à bulbe de tuiles vernissées
La balade me conduira aux FOURGS, aux portes de la Suisse. Les domaines sont ici reliés entre eux par le tracé de la GTJ (Grande Traversée du Jura) et l'ensemble constitue un paradis pour le randonneur. Peut-être plus encore qu'à bicyclette, la pratique est majoritairement sportive. L'apparition du skating (pas de patineur) a relégué en bord de piste le fondeur traditionnel et son pas alternatif. Celui-ci se fait dépasser par des skieurs ondulant de droite à gauche qui vont 2 à 4 fois plus vite que lui. Inutile de préciser qu'ils ne s'encombrent pas d'un sac et d'un appareil photo, tout juste un bidon à la ceinture. La neige est moulinée, fraisée, tassée tous les jours ou presque et la machine laisse généreusement deux traces pour les quelques skieurs plus "traditionnels".
Ah oui..., je vous disais donc que j'avais vu le président, mais pas de peloton de gendarmerie, pas d'hélicoptère, pas de chiens policiers..., ni même de Nicolas, de Carla ou de Giulia.
Le massif du Jura élit des présidents pour leur stature imposante... dans ses forêts. Il s'agit de sapins (épicéas), nommés "SAPINS PRESIDENTS". Chaque domaine forestier dispose de son élu et celui de la forêt des FOURGS est étonnant.
Jugez-en par vous même :
- 450 ans présumés,
- 42 m de haut,
- 5,14 m de circonférence.
Et ce président fume la pipe !
Cassé à 29 m en 2003, protégé par un chapeau de cuivre et sculpté par Denis SANDONA en 2006.
Non seulement il fume la pipe...
... mais il porte des lunettes.
Chacun sait que le Jura, produit pipes et taille diamants à SAINT CLAUDE, lunettes à MOREZ, pièces d'horlogerie de précision ou de luxe ailleurs, fromages partout, saucisse à MORTEAU et environs. Le Sapin Président des FOURGS a sans doute vu passer en contrebande pierres précieuses, montres de prestige et, pour être si prospère, peut-être bien a-t-il été nourri au Comté et à la Morteau.
Quant aux sapins qui ne sont pas encore présidents, leur régime est moins enviable. Pour preuve celui-ci...
... qui doit se contenter des lettres métalliques ...ARLI... de PONTARLIER.
F6 - février 2012
(repris décembre 2014)