François, Ferdinand, Fernand ? Précisions... (2/7)
Cette modeste et minuscule plongée dans l'horreur de la guerre de 14-18, vue au travers d'un épisode d'histoire familiale, "s'imposait" à moi depuis quelques temps, relancée par l'approche du centenaire ainsi que par le message d'Eric, historien amateur chevronné portant intérêt à Ferdinand.
Ferdinand, que j'ai connu jusqu'à l'âge de 5 ans m'a manqué, comme manque un grand-père à tout enfant, d'autant que pour moi, il était le seul. "Comme manque un grand-père à tout enfant" pour peu qu'il sache être à la fois patient, confident, conseiller, parfois complice... ainsi que j'ai pu le constater plus tard, en observant nos propres enfants et nos parents.
Ferdinand aura connu 4 de ses 5 petits enfants.
Eric l'historien en cours de travaux, cherchait surtout à savoir si Ferdinand que l'on nommait Fernand dans la famille était bien François !
C'est bien François Ferdinand M. qui est né le 1er mars 1888. Mais l'usage et les simplifications très courantes à l'époque l'ont fait appeler communément "Fernand". Je m'en tiens dans ces publications au prénom le plus usuel, celui figurant sur l'invitation au mariage annulé le 18 août 1914. Prénoms fluctuants : le père de Ferdinand s'est nommé "François" le jour de la naissance de Fernand, enfin de François Ferdinand, alors qu'en réalité il se prénommait Hippolyte si j'en crois d'autres documents, et la pierre tombale... va savoir !
Eric l'historien, est lui d'une précision et d'une mémoire sans faille, "redoutable", tout terrain, à l'épreuve des recherches de sépultures autant que de l'orientation "à la frontale" dans les obscurs classements d'archives numérisées... Un intérêt somme toute très matériel et si peu affectif l'avait donc incité à me contacter. Nous, la famille, plus particulièrement ses descendants, avions grand intérêt affectif à ce qu'il en revienne..., sans quoi... !
Pour autant, Ferdinand est un grand-père, jeune homme parmi des millions partis ce mois d'août là. Ferdinand n'est pas un héros, et je n'ai pas l'intention de le faire tel, ni militaire, ni scolaire, ni familial, tout au moins pas plus que tout grand-père. Pas de sacrifice, pas de charisme ni d'actes de bravoure connus et particuliers, si ce n'est déjà celui de partir, d'obéir, de souffrir, de patienter... et surtout "des chances inespérées..." écrivait-il.
L'occasion de ce centenaire permet de satisfaire mon souhait de laisser quelques bribes de généalogie illustrée, replacées dans leur contexte historique, à l'attention de tous, et plus particulièrement des descendants. C'est aussi une révision approfondie, et très partielle de piètres connaissances historiques à la fois éloignées, mais si proches, et si fondamentales. Enfin, c'est tenter de convoquer encore et encore, toujours et toujours, l'humanité plutôt que la "bestialité"...
Ces 100 années écoulées n'auront connu qu'une seule autre guerre mondiale, mais combien d'atroces et sombres conflits ? Alors qu'une certaine forme de raison semble toucher les uns pour qui se tenir prêt à faire la guerre est devenu affaire de métier, chez d'autres, l'héritage d'un passé colonial, d'exploitations des richesses et/ou de prétextes religieux conduirait encore à des croisades, des génocides et des exodes. Tout cela est-il bien raisonnable ?
Faire d'un centenaire autre chose qu'une occasion de "fascination guerrière", est donc bien un impératif !
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A cette occasion, j'ai pu rencontrer et correspondre avec des historiens, chercheurs, collectionneurs, passionnés. "A priori", je craignais une rencontre avec des "nostalgiques militaristes", mais très rapidement, je les apprécierai extrêmement pointus, incisifs, partageurs et serviables, aidés aussi en cela par les ouvertures et numérisation d'archives récentes, par l'accélération des échanges et communications numériques.
Je remercie donc tout particulièrement :
- Eric, pour tout ce qui est dit ci-dessus, et surtout pour "l'effet catalyseur" qu'il aura eu en juillet 2013,
- Michel, qui depuis le Canada offre en ligne l'histoire de son grand-père Joseph et de son grand-oncle Pierre (MEMORIAL Pierre et Joseph Saint-Loup) , publie et complète sans cesse La campagne du 95e Régiment d'Infanterie - guerre 1914-1918 ,
- Didier, pour ses travaux sur le 95e RI publiés et accessible sur le site de Michel ( Transcription du JMO du 95e RI et Les hommes nés dans le Cher, Morts pour la France 1914-1919),
- Le Forum pages 14-18 pour l'espace d'échanges, d'informations et de rencontres si efficacement "modéré".
Saluons également l'accessibilité aux informations et documents que proposent :
- le Ministère de la Défense (Mémoire des hommes),
- le Ministère de la Défense (Service des Archives Médicales Hospitalières des Armées),
- le Comité International de la Croix Rouge (Archives du CICR).
Enfin, merci aux "anciens" de la famille qui détiennent et transmettent informations et documents.
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Jeune adolescent, j'avais déniché dans les rayonnages de l'alcove à MONTOT chez Ferdinand et Jeanne "A l'ouest, rien de nouveau" de l'auteur allemand Eric MARIA REMARQUE. Lecture passionnante, point de vue symétrique.
En itinérance à bicyclette entre VOSGES, MEUSE et ALSACE il y a quelques années, "Le feu" d'Henri BARBUSSE m'avait offert ses mots durs, ses morts révoltantes, cet engrenage atroce.
Aujourd'hui je lis mot à mot "La peur" de Gabriel CHEVALLIER, terriblement lucide et efficace dès les premières pages dans lesquels le contexte de la mobilisation est dépeint.
De prochaines lectures conduiront probablement vers les mutilations volontaires, les désertions, les refus d'obéissance, les maladies des tranchées, le commandement...
F6 - août 2014
(à suivre donc, le 23 août... 1914)