TDF 19 - Fin de tour - En passant et par la Lorraine (les Vosges et le Doubs) avec mon vélo
Départ à bicyclette : je mets les bouts, les voiles, prends la porte, me tire, me casse, me sauve, trisse, taille, carapate, fuis... (le boulot) j'ai quelque chose d'autre à boucler.
Alors qu'il reste le tronçon VERDUN - MORTEAU pour fermer la boucle et que je pourrais tout à fait l'accomplir en sens inverse, je profite de ce début de vacances pour rouler à l'aller sur la variante plaine d'Alsace de l'itinéraire (le Ried), et au retour, par le massif vosgien.
Mercredi 8 juillet 2009 - SAINT LOUP-GEANGES - NANS SOUS SAINTE ANNE (111 km). Météo fraîche, passages nuageux, vent arrière. Magiques montée puis descente de SALINS LES BAINS à NANS SOUS SAINTE ANNE, larmes aux yeux de vitesse et de bonheur. Gîte agréable.
Un convive du repas du soir tente de me convaincre de l'utilité d'un GPS. J'explique que la carte en papier offre bien plus d'informations utiles et de "distractions" au randonneur. Je n'ai volontairement rien d'autre à lire pendant de nombreuses heures de vélo qu'un paysage qui défile sous mes yeux et sa représentation sur une carte posée à plat devant moi. Celle-ci m'offre un rectangle de 25 x 22 cm soit 50 km x 44 km. Je peux en temps réel reconnaître et nommer une crête, un sommet, un cours d'eau, un village, un lac, un col, une forêt, un carrefour, un site remarquable, choisir de le traverser, le contourner, le longer, m'y arrêter. Je suis capable de pointer sur la carte à tout instant l'endroit précis où je suis, même si j'en ignore des coordonnées qui ne me seraient d'aucune utilité. Que le GPS soit nécessaire au représentant de commerce, au chauffeur routier, certes, peut-être ; mais au cyclo randonneur il n'est qu'un gadget inutile.
Jeudi 9 juillet 2009 - NANS SOUS SAINTE ANNE - TREVILLERS (115 km).
Gros écarts de température (de 12 à 25°), pluie après LEVIER par averses d'une heure environ jusqu'au terme de la journée à TREVILLERS.
Vu deux chamois au bord du Doubs. Je prends l'option simple et ne passerai qu'un peu en Suisse demain. Il faudra revenir y admirer l'épingle à cheveux que fait la rivière.
Gîte communal sur itinéraire de la GTJ pédestre recommandé : 6 € avec chauffage et machine à laver, parfait car mon vélo, mes sacoches et moi ruisselons ! Suis rejoint dans la soirée par une jeune randonneuse pédestre, et lui offre le reste de mon rôti de porc, de purée, du comté local et pêche. Apprécie.
Vendredi 10 juillet 2009 - TREVILLERS - DIEBOLSHEIM (186 km).
Départ très froid. PORRENTRUY en Suisse très propre. Sundgau pour éviter BÂLE, cerises, cerises, cerises. 80 km de Ried le long du Rhin de KEMBS à DIEBOLSHEIM, usant mais beaux villages sur la fin : s'appellent tous ...HEIM !
Samedi 11 juillet 2009 - DIEBOLSHEIM - WISSEMBOURG (127 km).
STRASBOURG traversée "finegueure ine ze nose" par les pistes cyclables et l'indication magique : LAUTERBOURG 78 km. Schwartzwald symétrique aux Vosges tentante (plus tard).
Posé mes roues pratiquement à l'extrême pointe est de la France. Nuit sous l'abri du refuge du col du Pigeonnier du Club Vosgien fermé.
Rencontré 5 jeunes belges marcheurs qui ont préféré retourner dormir dans un refuge plus haut (tant mieux car ils avaient plus l'intention de picoler que de pioncer si j'en juge au tintement des bouteilles dans leur sac de supermarché).
Dimanche 12 juillet 2009 - WISSEMBOURG - SAINT AVOLD (127 km).
Découverte du Parc des Vosges du Nord sous la pluie, pluie, pluie et le froid froid jusqu'à BITCHE (encore plus déserte qu'en 1982 quand j'y suis passé soldat de 2ème classe).
J'envisage même le train à SARREGUEMINES pour poursuivre, mais la Lorraine s'éclaircit et devient au fil de la route plus agricole et céréalière que minière. SAINT AVOLD est coquette, le petit camping très ombragé (et humide).
Lundi 13 juillet 2009 - SAINT AVOLD - VERDUN SUR MEUSE (139 km).
La Lorraine d’aujourd’hui n'est plus que céréalière, fractionnée en parcelles gigantesques.
Je passe la Moselle au sud de METZ, au nord de NANCY par CORNY puis GORZE et rejoins la voie de la liberté à HANNONVILLE-SUZEMONT qui cadencera de ses belles bornes kilométriques mon arrivée à VERDUN sous la pluie.
Je réalise aujourd'hui seulement que le tour de la France est réellement bouclé. Il ne reste plus que 500 km pour l'attester grâce aux contrôles que demande l'organisateur.
Mardi 14 juillet 2009 - repos, lessive et balade à VERDUN.
Achat du livre "Le Feu" d'Henri BARBUSSE à l'Office du Tourisme (guerre de 14-18 témoignage direct des tranchées) - A lire absolument !
Mercredi 15 juillet 2009 - (VERDUN SUR MEUSE - FRESNE EN WOËVRE - SAINT BENOIT EN WOËVRE - PONT A MOUSSON - NOMENY - CHÂTEAU SALINS - FRESNE EN SAUNOIS - MAIZIERES LES VIC - AVRICOURT - BLÂMONT // 158 km).
Départ 8h30, arrivée 16h.
J'ouvre à nouveau aujourd'hui le carnet de route afin de terminer officiellement le tour de France entrepris en juillet 2008. La météo est fraîche au matin et ira s'ensoleillant et se réchauffant considérablement au long de la journée. Une Lorraine agricole de montagnes russes et d'énormes parcelles de céréales m'attend aujourd'hui, une fois franchies les côtes de Meuse.
Je tente d'évaluer approximativement leur superficie : un rectangle d'1 km sur 2 occupe 200 hectares, plausible, et "vertigineuse" l'évolution des paysages, des modes et des conditions de travail. Ici aussi nos poilus ne reconnaitraient plus rien, mais pour d'autres raisons que le pilonnage des artilleries.
Première ville de contrôle PONT A MOUSSON au bord de la Moselle : je découvre une agglomération coquette fleurie, bien loin de l'image des grilles d'égout en fonte qu'évoque le nom de cette bourgade !
Le gîte visé n'est pas accueillant, j'y dérange le moniteur d'équitation en pleine leçon, il faudra pousser 20 km plus loin, après avoir eu la certitude dans le garage automobile où je me renseigne de trouver un camping sur ma route. Ce sera BLÂMONT camping municipal frais, simple, peu fréquenté.
Jeudi 16 juillet 2009 - (BLÂMONT - CIREY SUR VEZOUZE - Col du DONON - SCHIRMECK - SAINT BLAISE LA ROCHE - VILLE - Col de FOUCHY - LIEPVRE - SAINTE MARIE AUX MINES // 110 km).
Départ 7h, arrivée 15h30.
Aujourd'hui commencent les Vosges avec l'entrée par le col du Donon. Du long faux plat montant du départ, on passe à quelques kilomètres de vraie côte en fin d'ascension. Fraîche et ensoleillée la brume monte des prés humides et des forêts qui bordent cette jolie route.
Je découvre sur la carte les noms charmants des petits cours d'eau qui dévalent ce versant ouest des Vosges : Sarre Blanche, Sarre Rouge, Zorn Jaune, Zorn Blanc, Grossthal, Kleinthal. Les semi-remorques impressionnants chargés de troncs d'arbres ne ralentissent pas en me dépassant, ils montent à vide plus vite qu'ils descendent.
Un collègue plus observateur que moi reconnaît la plaque de cadre Tour de France en me croisant. L'arrêt à de telles occasions est toujours émouvant et parfois surprenant ; c'est le cas aujourd'hui où je fais la connaissance de Jean Marc LEFEVRE. Il boucle son tour demain ou après demain en 28 jours. Etonnante rencontre : en vacances dans les Pyrénées il y a deux semaines il a passé le Tourmalet accompagné de Gilbert, ami commun.
Les vallées longées semblent avoir leurs activités privilégiées : dans le Donon c'est le bois, sur l'autre versant c'est le papier ou bien la distillerie. L'après midi sera en grande partie occupée par la montée charmante du petit col de FOUCHY. Petit par le kilométrage, il a tout d'un grand par ses pourcentages, le profil de la route et les paysages alentours. J'arriverai tôt au camping à SAINTE MARIE AUX MINES, suffisamment pour découvrir que demain ma route emprunte celle du Tour de France des coureurs, et pour me venger de cette mauvaise nouvelle en m'offrant un Baekehoffe dans un Winstub.
Vendredi 17 juillet 2009 - (SAINTE MARIE AUX MINES - Col des BAGENELLES ... du BONHOMME ... de la SCHLUCHT - le MARKSTEIN - le GRAND BALLON - CERNAY - THANN // 107 km).
Départ 7h, arrivée 16h30.
Appareil photo en panne quelques mois seulement après l'expiration de la garantie de deux ans. "J'enrage", dire que j'ai acheté ce Panasonic Lumix sur la réputation de l'objectif Leica ! Le capteur est hors service, les photos sont violettes orangées... Bon à jeter ???
L'orage tonne et tombe à 5h alors que j'avais prévu me lever, coup au moral ! Je patiente une heure pour une accalmie, puis remballe le campement et démarre encore suffisamment tôt à 7h pour espérer ne pas voir mes routes interdites à la circulation. Je roulerai 1 km seulement avant de devoir enfiler le blouson imperméable et c'est une grosse journée qui m'attend avec un collier de cols sur la route des crêtes, des prévisions météorologiques fort peu engageantes et l'affluence des spectateurs du tour.
Je passe les premiers cols seul jusqu'au Bonhomme où progressivement la circulation se densifie. Les premières automobiles stationnent jusqu'à ne laisser qu'un boyau de passage à la Schlucht. Non seulement ils arrivent en automobile, camping-cars, autocars, mais en plus, nombre de spectateurs viennent faire du vélo pour s'offrir l'émotion de rouler sur les futures traces des coureurs avant leur passage.
Est-ce le fait d'avoir deux roues en commun, mais tellement différentes qui me rend si étranger à ce qui se passe ici aujourd'hui ?
Il est 10h, le tour est annoncé à 14h et déjà les haies de spectateurs sont si denses qu'il ne semble plus y avoir de place libre. Je croiserai après le col des étrangers installant un groupe électrogène en contrebas dans la forêt, la télévision dans le véhicule et la friteuse électrique sous le parasol. On mange, on boit avec bonne humeur sous bâches, parasols, auvents, toutes générations et nationalités confondues.
A l'approche du MARKSTEIN certains gendarmes m'autorisent à rouler prudemment en contresens sur la route qu’empruntera le tour dans une heure ou deux, alors que d'autres me l'interdisent formellement. A ces derniers j'explique qu'ainsi chargé, équipé et roulant au pas, je m'estime bien moins dangereux que les chiens, enfants, et grappes de spectateurs dont certains sont déjà en drôle d'état d'excitation ou d'ébriété. Peine perdue : « ce n’est pas à moi qu’il faut le dire !» me répond-t-on. Je prendrai un repas chaud au Markstein avant de repartir en direction du GRAND BALLON désert, pour cause de tour ailleurs.
Là-haut, le bar rotonde au point de vue unique sur le pied des Vosges, la plaine d'Alsace, et le territoire de Belfort est pratiquement sans clientèle. On pourrait avoir l'impression d'être ici aujourd’hui dans un sous-marin panoramique, à l'abri de l'eau contemplant fonds et courants marins. La descente dans ces conditions météo est dangereuse et je suis bien loin des 50 km/h qu'autoriserait le beau temps sur de telles routes. L'exaspération est là quand la route se redresse : je cherche le frein à main serré, le patin qui frotte, la roue dégonflée..., hélas, tout va bien côté mécanique, ce n'est que moi qui fatigue !
Je viens échouer et dégouliner à l'Office du Tourisme de CERNAY, quémandant un gîte d'étape. Il faudra pousser jusqu'à THANN pour le centre Saint Thiébaut où, à défaut de chauffage malgré les 10°, le linge sèchera derrière et au dessus des moteurs électriques des distributeurs de boissons fraîches.
Arrivent derrière moi trois amis en route pour Le Puy à bicyclette sur le chemin de St Jacques de Compostelle. Nous parlerons itinéraire traversant la Bourgogne et nous nous retrouverons pour rouler une bonne journée dans ma région d'ici quelques jours.
Samedi 18 juillet 2009 - (THANN - ASPACH - BURNHAUPT - DANNEMARIE - DELLE - (Suisse) BUIX - BURE - FAHY - RECLERE - (France) VAUFREY - SOULCE - TREVILLERS // 102 km).
Départ 6h50, arrivée 15h30.
Météo pire. Je roule jusqu'à DELLE sur l'itinéraire du tour sous la pluie et croise stupéfait des automobilistes stationnés en épi face à la chaussée attendant derrière leurs vitres embuées le passage des coureurs dans plusieurs heures. Certains ont dormi là, dans leur kangoo. Je traverse des villages où l'on s'affaire autour des saucisses merguez qui grillent déjà à 9h30 sous les parasols, et plains les employés municipaux réquisitionnés, obstruant les plaques d'égout avec de la tôle ou installant bottes de paille et barrières.
Un groupe sympathique de motards de la police nationale me renseigne sur l'itinéraire précis des coureurs et c'est grâce à leurs informations que je décide de fuir la route de ce tour, de passer par la Suisse après DELLE, quitte à rouler à nouveau sur quelques portions connues pour retourner dormir au gîte chauffé de TREVILLERS.
Grimpette très raide entre BUIX, et BURE, passage dans les gorges du Doubs, et longue remontée vers mon refuge bientôt traditionnel de Trévillers. Rencontre avec M. le Maire qui m'apporte la clé. Sieste, chauffage, grand rangement des sacoches, fruitière, repas à l'hôtel de France, le bonheur après l'épreuve de la route du tour sous la pluie !
Dimanche 19 juillet 2009 - (TREVILLERS - MAICHE - LE RUSSEY - LES FINS - MORTEAU // 37 km).
Départ 8h00, arrivée 10h30.
Blouson imperméable encore nécessaire, averses copieuses et arrivée à MORTEAU sous l'éclaircie qui se confirmera cet après midi. Dernier cachet au salon de thé du départ le 7 juillet 2008, les serveuses ont du mal à comprendre le périple. Marie-Claire se débat dans les déviations pour travaux autoroutiers et passage du tour. Nous repartons pour la maison à 12h30.
Grande boucle bouclée en 42 étapes, petite boucle "grand est" en sus.
F6 - septembre 2009