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En balade, né au vent
31 décembre 2013

TDF 14 - A grandes pédalées vers les portes de la Bretagne

Lundi 28 juillet 2008 -  (MAYAN - SOULAC - PORT BLOC, traversée de l'estuaire de la Gironde par le bac - ROYAN - SAUJON - SABLONCEAUX - NANCRAS - PONT L'ABBE D'ARNOULT - St HYPPOLITE - TONNAY SUR CHARENTE - LOIRE LES MARAIS - AIGREFEUILLE D'AUNIS - St CHRISTOPHE - VERINES - LONGEVES - ANDILLY - PUYRAVAULT - CHAMPAGNE DES MARAIS - TRIAIZE - GRUES - ANGLES // 180 km)

Signe de fatigue, lassitude des routes landaises, perte de repères,... à 6 heures 10, gilet réfléchissant enfilé et éclairage allumé je sors du camp de Mayan et m'engage sur la route dans la direction que je crois bonne. Il me faut un petit kilomètre pour que le doute s'installe puis se confirme devant des détails de l'accotement déjà rencontrés la veille. Demi-tour... je repasse devant le camping, personne ne se moque de moi ! 

A cette heure matinale, la route est à moi. Bruit inquiétant : ça craque, ça coince, ça grince... on verra à ROYAN. J'appuie et tire sur les pédales poussé par un petit vent favorable pour attraper le premier bac. Trop ambitieux, je devrai attendre le second à 7h45 avec piétons et automobilistes.

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L'occasion m'est alors donnée d'observer une fillette étonnante, accoudée à la rambarde, quelques mètres devant sa grand-mère et moi. D'abord ce sont les mouettes qui nous survolent. Certaines s'approchent l'air de rien, sournoises, prêtes à voler la miette qui tombe quitte à confondre dans l'empressement avec un mégot de cigarette blonde. Parmi les cris des oiseaux je perçois intrigué une imitation parfaite : c'est la gamine ! Impassible, rien d'autre ne bouge qu'un léger plissement de la mâchoire inférieure et du cou. Plutôt que les miettes encore très rares au petit matin, sans doute est-là la cause de l'attroupement... il en arrive de partout ! J'adresse un clin d'oeil complice à la grand mère :

- quel talent la petite !,

- mon pauvre monsieur si vous saviez...

Sabine a tout juste 10 ans et rentrera en CM2 à la rentrée prochaine. Comme l'oiseau lyre le meilleur des imitateurs, elle a commencé très tôt et il est peu de sons qu'elle ne soit pas capable de reproduire. Elle a débuté dans l'imitation par chiens et chats avant même de parler, puis la basse-cour y est passée et la mécanique a suivi. Elle s'attaque maintenant aux voix humaines. Bonne élève heureusement, Sabine sait ne pas abuser de ce don et ne s'attire pas encore d'ennuis à l'école. En vacances chez sa mamie qui loue à SOULAC chaque année, le temps gris d'aujourd'hui et les transports en commun sont propices à une journée sur "le continent". Objet de cette virée : le zoo de La Palmyre ! Gageons que "la mouette" saura profiter de l'occasion pour enrichir et perfectionner son répertoire.

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C'est une première en bateau pour ma nouvelle monture. Il me revient le souvenir ancien de la traversée du golfe du Morbihan sur la "barquasse" de Port Navalo : le "capitaine", après avoir installé tous les passagers, avait imposé, glissé, coincé, équilibré ma remorque et mon vélo. Comme des sardines en boîte défiant la marée qui ce jour là à cette heure là remplissait le golfe, nous étions arrivés à bon port à Locmariaquer.

Aujourd'hui c'est luxe et espace.

Je m'engage fièrement, premier devant les rivales motorisées de ma bicyclette. Elle a droit à l'avant de la cale, mais ne pourra voir approcher Royan.

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Cette traversée m'offre l'occasion d'un deuxième petit déjeuner, celui-là vrai et copieux,  confortablement installé sur la moquette et dans les fauteuils du pont restaurant. Bien que le trajet fluvio-marin ne dure  qu'une demi-heure, c'est presque une croisière !

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Un petit monde aux origines et raisons diverses d'être là  est rassemblé. Ce qui pour les uns est une petite aventure, n’est pour les autres que l'aller quotidien ordinaire vers le travail. 

Débarquement à Royan. Me voici pour quelques heures en terre connue puisqu’ici en famille, nous passions chaque année le mois d'août. Souvenirs de bons moments à la plage, de camaraderie avec Daniel et Joëlle les enfants des bouchers charcutiers du village où nous louions. J'ai passé ici 7 mois entre 9 et 15 ans. Mais pour l'heure c'est la mécanique qui me soucie : je diagnostique aisément une usure critique des roulements à billes des pédales. Le hasard me fait passer devant la boutique des cycles Horseau qui ouvre dans un quart d'heure. Quelle chance... un lundi matin ! Je me porte acquéreur d'une paire de pédales neuves de marque célèbre que je monte 20 kilomètres plus loin, une fois quittée la RN 150. Les anciennes usées jusqu'aux billes, finiront dans une corbeille de place de village charentais. 

Après deux jours de Landes j'écris sur mon carnet de route "retrouvé avec plaisir un peu de relief et de la cartographie". En effet, je m'écarte du grand axe proposé par l'US métro, préférant à la fois éviter ROCHEFORT et aller directement à AIGREFEUILLE D’AUNIS point de contrôle obligatoire. Mais le joli pont sur la Charente  qui se profile à l'horizon entre LES GILARDIERES et TONNAY n'est qu'un piège. J'avais bien vu des panneaux annonçant des travaux et j'ai cru en la bonne étoile des cyclistes capables de passer au milieu d'un chantier en demandant poliment, jusqu'à ce qu'un passant étonné de me voir si décidé m'arrête gentiment. Demi-tour : j'aurais d'ailleurs pu lire en rouge sur ma carte routière "P. interdit" et deviner que P. ne signifiait pas parking, mais pont ! Pour qui voulait de la cartographie, me voici comblé ! 

La traversée du marais qui suit n'est pas aussi idéale que le laissait espérer la carte. Le temps s'obscurcit, le vent se lève par bourrasques, puis retombe. Souvent je hisse le grand plateau et me retrouve à presque 40 km à l'heure. Le grain me cueille en plein marais Rochelais sur de longues lignes droites. J'enfile d'abord le coupe-vent soi-disant imperméable, puis le grain devient gros et l'imperméable transpercé. C'est la cape de pluie qui finit par recouvrir l'ensemble. Me voici, gros poussin jaune à roulettes croisant entre 30 et 40 km/h à 15h au milieu des poids lourds et des touristes déçus et désœuvrés, feu arrière allumé sous une luminosité de triste fin d'après midi de novembre. Jurons et noms d'oiseaux à la clé ! J'échoue une première fois dans un bar à la terrasse abritée. Arriver si dégoulinant ruisselant et empêtré au milieu des humains installés c'est susciter soit la compassion, soit l'irritation plus ou moins contenue. Heureusement qu'un écran de télévision donne ici les résultats de courses hippiques, lotos et autres bingos ; sans lui je pense que j'aurais pu me faire renvoyer si j'en juge aux regards qu'on m'adresse entre deux courses ! Je repartirai deux Perrier-citron plus tard à la faveur d'une accalmie, avec l'inquiétude du gîte du soir. 

L'accalmie n'est que provisoire. J'enfile les kilomètres et les villages PUYRAVAULT, CHAMPAGNE DES MARAIS, TRIAIZE, SAINT DENIS DU PAYRE, GRUES, MORICQ, ANGLES sous une pluie de plus en plus battante. Me méfiant des panneaux indicateurs de camping qui peuvent m'envoyer sur le littoral bien loin du village, je n'hésite pas : à 18 heures j'échoue (je réussis) à nouveau au camping "Le Troussepoil" moi qui n'ai "plus un poil de sec".

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Je teste ici la version compassionnelle de l'accueil du cyclo dégoulinant dans le monde des humains. On me refuse un emplacement, on m'installe d'office après l'orage dans un mobile home pour le même prix qu'une tente, avec le sourire et l'humour en prime, soit un peu plus de 10 euros. Que demander de plus ! Dans le mobile home tout est déballé étalé, des vêtements de route à l'alimentation. Une telle humidité qui tombe du ciel, remonte du sol, et arrive de côté par jets violents aux croisements des véhicules, ne parvient pas à transpercer les sacoches étanches et les sacs nylon. J'extirpe et revêt avec bonheur une tenue sèche.

 

Mardi 29 juillet 2008 - (LONGEVILLE SUR MER - TALMONT SAINT HILAIRE - LES SABLES D'OLONNE - OLONNES SUR MER - SAINT GILLES CROIX DE VIE - LE PISSOT - BEAUVOIR SUR MER - BOURGNEUF EN RETZ - ARTHON EN RETZ - SAINT PERE EN RETZ - SAINT BREVIN LES PINS - Pont de SAINT NAZAIRE - DONGES - SAVENAY // 180 km)

J'ai rendez-vous ce soir chez ma cousine à qui j'ai annoncé mon arrivée entre 17 et 19h. La perspective d'une pause en famille, fut-elle aussi brève qu'une soirée, est tout à fait motivante. Je pars "bille en tête" dès 6 heures malgré la pénombre et le vent, déjà bien heureux qu'il ne pleuve plus.

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Cette Vendée traversée vent arrière par temps très gris ne me laissera pas de grands souvenirs. Seuls les innombrables ronds points ainsi que le petit marché artisanal de BREM SUR MER me ralentissent. Je vais et viens parmi les étals qui s'installent tout juste, et  finalement choisis deux parures - pendentif et boucles d'oreilles - pour mes petites cousines Alice et Juliette de 13 et 15 ans. Le temps s'éclaircit et le soleil revient dans le marais de MACHECOUL. 

La pause achats de milieu de matinée permet de refaire la pression des pneumatiques qui n'ont pas vu une pompe à vélo depuis mon départ. Je regonfle chaque roue à 4 kilos dans une station réservée aux cycles. La région offre des circuits de randonnée vélo nombreux et bien équipés.

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La vitesse moyenne élevée m'autorise une sieste royale à BOURGNEUF EN RETZ à l'ombre des platanes magnifiques du parvis de l'église, j'en oublie même de faire tamponner le carnet de route alors que cette localité est un point de contrôle obligatoire. 

Le relief devient vallonné aux abords de la Loire, l'estuaire n'est pas là par hasard. Pour avoir déjà traversé à bicyclette par le pont de SAINT NAZAIRE à des heures de grande circulation, je ne suis pas fâché de l'aborder  aujourd'hui comme prévu, à 15 heures.

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Bien qu'il n'y ait pas de piste réservée aux cycles, à cette heure la montée est tout à fait sécurisante avec ses deux voies permettant aux automobilistes de dépasser sans serrer le cycliste. Par contre la descente est plus inquiétante : une seule voie, des rainures dans le revêtement tous les 4 ou 5 m, et la vitesse croissante ne laissent le temps d'admirer ni la Loire, ni les chantiers navals. Tous freins serrés, on est à chaque fois soulagé d'arriver à bon port de l'autre côté de ce pont et de fuir l'ouvrage peu adapté au passage à  bicyclette.

Après quelques déviations pour travaux routiers au milieu de cette zone portuaire, j'arriverai à 17h chez les cousins de SAVENAY pratiquement à la même latitude que mon point de départ 23 jours plus tôt. Lessive, douche, détente, nouvelles de la famille, récit du voyage, apéritif sur la terrasse. C'est ce moment précis que choisit ma monture abandonnée contre la haie, au soleil depuis deux bonnes heures, pour pousser un long soupir à la surprise de tous. Sans doute jalouse de n’avoir pas droit à l'ombre et à l'apéritif, la chambre à air se venge en perçant sournoisement ! Mystère à élucider... demain.

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F6 - septembre 2009 

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Commentaires
H
Un pont de St Nazaire que je connais bien, cette mer là est la plus proche de chez moi, à 1.30h de route...en voiture! En vélo? Euh, je sais pas!<br /> <br /> Moi aussi je serre les fesses en le traversant, tu comprends, le vertige et toussa toussa...!!! pfiouuuuuuuuuu bien contente d'arriver de l'autre côté!<br /> <br /> Un plaisir pour moi d'aller voir les chantiers navals, voir ces énormes paquebots sur lesquels on ne montera jamais, imaginer le travail de l'homme pour construire ces forteresses flottantes.<br /> <br /> <br /> <br /> As-tu parfois des envies d'abandon quand le paysage ne t'apporte pas ce que tu attends? Une envie de couper en biais pour rentrer?
M
Surdouée de la glotte ta jeune imitatrice ! Nous la verrons peut-être un jour sur scène......<br /> <br /> Nous avons passé toute une journée au zoo de la Palmyre en 2000 je crois. Pas mal dut tout.<br /> <br /> bizzzz
M
...as-tu songer à écrire un livre de tes aventures? elles sont passionnantes! Je revois des noms qui ne me sont pas inconnus....<br /> <br /> Je te souhaite un bon dernier jour 2013 et une entrée en douceur dans cette nouvelle année, pas en vélo, si? <br /> <br /> Reçois tous mes voeux les plus sincères : santé, découvertes, amitié et tout et tout...<br /> <br /> gros bisous à partager avec toute ta famille de Mireille du Sablon
P
C'est rigolo. Ça fait au moins la 5ème fois que je lis tes aventures et je ne m'en lasse toujours pas.<br /> <br /> Bonne année Francis et à Marie Claire aussi.
En balade, né au vent
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"Mais en maniant la hache et le passe-partout, j'ai laissé vagabonder mon âme dans l'espace chaud et parfumé, et elle est revenue riche d'une récolte inestimable."
Henri VINCENOT
En balade, né au vent
  • Nez au vent, l'oreille en coin, les yeux curieux, en balade à vélo, à pied, ici et là. Mise en mots, illustrations : F6. Quelques emprunts autorisés, signalés par un lien vers leurs origines. On peut aussi emprunter, en demandant, c'est plus poli.
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