Un doux Jura 3/6 - l'entrée

Mardi 6 juillet 2010

Premiers tours de roue

GEANGES - St LOUP - CERCY - SONDEBOIS - Gd PUSSEY - CHAUVORT - VERDUN SUR LE DOUBS - LES BORDES - SAUNIERES - CHARNAY LES CHALON - MONT LES SEURRE - LONGEPIERRE - LAYS SUR LE DOUBS - FRETTERANS - NEUBLANS - BEAUVOISIN - ASNANS - GATEY - LE DESCHAUX - VILLERS ROBERT - MONT SOUS VAUDREY - MONTBARREY à 16h30 (92 km) 

Nous avons commencé de faire connaissance hier soir. Philippe est arrivé presque frais après 9 heures d'automobile de CALAIS à la Bourgogne. Une bonne bière du Nord, puis vin blanc et rouge, Bourgogne oblige, mais modérément, désaltèrent notre repas et nos conversations. Les bagages respectifs sont prêts sur les vélos, quelques menus ajustements sont nécessaires, dérailleur à régler, coupe vent, clés de voiture, trois fois rien.

Marie Claire donne le "top départ" de St Loup-Géanges à  8h45.

Nous poursuivrons notre découverte réciproque au fil des kilomètres de la plaine de Saône. Je tente de rendre cette portion d'itinéraire moins monotone en optant pour de toutes petites routes peu connues ; si peu connues que pris dans la conversation, je suis redevable de deux erreurs de parcours, bien rattrapées, à temps. 

Confluent à Verdun : le Doubs à droite se rallie à la Saône à gauche 

La route suit le cours de la rivière Doubs, mais nous ne l'approchons que de temps à autre dans les rares villages fleurissant quelques dizaines de mètres de rive. Ici, la priorité, c'est plus l'agriculture que le tourisme. De grandes étendues de céréales, quelques parcelles maraîchères, et cette année de nombreux hectares de petits pois, haricots verts, soja occupent l'essentiel des terrains. La conserverie de CIEL est proche.

La chaleur monte vite, nous bénéficions d'un petit vent favorable qui nous fait croiser à presque 20 km à l'heure. La pause repas est appréciée à FRETTERANS, pain, saucisson, comté, confiture, sieste. La chaleur monte encore dans l'après midi, le relief devient vallonné et le couvert par endroits plus forestier. Nous nous mettons d'accord sur la gestion des achats à la porte du supermarché de BANS en optant pour la caisse commune. Après quelques provisions nous terminons cette première pédalée au camping des 3 Ours à MONTBARREY au bord de la Loue, affluent du Doubs. Nous pourrons ainsi reprendre notre périple par la forêt de Chaux, ce site particulier que je souhaitais revoir et traverser dans le calme de ses grandes allées forestières. J'argumente dès la réception au camping de notre "grand âge" et de notre moyen de transport pour solliciter un emplacement ombragé proche d'une table de pique-nique. Pour "emporter le marché", je certifie à chaque fois que, même très confortables, nous ne repartirons  ni  avec l'ombre ni avec le mobilier ! En appeler tout de suite et gentiment à cette sollicitude s'avère efficace presque à chaque fois ; la conversation amicale naît et nous bénéficions soit du mobilier, soit de l'autorisation de l'emprunter au bar. 

Camping des 3 Ours - MONTBARREY

Nous voici donc confortablement installés pour le repas, partageant pâtes, thon et  concentré de tomate apportés par Philippe ; je mangerai seul mon melon quotidien l'été, aux vertus multiples, sans toutefois parvenir à convaincre mon ami.

Mercredi 7 juillet 2010

Chaud, chaud après la forêt de Chaux !

7h30 MONTBARREY - LA VIEILLE LOYE - FRAISANS - OSSELLE - BOUSSIERES - THORAISE - BEURRE - BESANCON - CHALEZE - CHALEZEULE à 15h30 (73 km) 

Bien qu'un peu bruyante la nuit fraîche est réparatrice et le confort du mobilier de bar apprécié au petit déjeuner. Debout à 6h30 il faudra compter, comme chaque matin, 1h30 de préparatifs avant de pouvoir enfourcher nos percherons ; assis, levé, accroupi, agenouillé, relevé, plier, rouler, tasser, fermer, rouvrir, rapporter... c'est déjà du sport ! 

La Forêt de CHAUX, véritable île boisée entre Doubs et Loue, fait partie de ces endroits remarquables où des activités humaines très spécialisées sont étroitement liées aux ressources naturelles de la région.

Que peut-on faire d'eau, de sel, et de bois ? 

Baraques du 14

Les Salines royales d'ARC ET SENANS et de SALINS LES BAINS toutes proches tiraient le sel du sous sol, héritage de l'océan Paléotéthys. La saumure, extraite et acheminée par des canalisations, nécessite pour l'accélération de son séchage le charbon de bois que lui fournit la forêt de Chaux. A l'heure matinale de notre passage, la visite recommandée des Baraques du 14, village de charbonniers, n'est possible que de l'extérieur. 

Nous traversons durant 15 bons kilomètres ce massif forestier avant la belle descente sur FRAISANS pour rallier la VR6 (Vélo Route 6) de NANTES à BUDAPEST. Cet axe vélo fréquenté longe ici le Doubs avant de trouver la source du Danube qu'il suivra ensuite.

Pour saluer ce changement de nature des voies empruntées, par nécessité et pour le plaisir, nous faisons halte au bord du Doubs : petit café et speculoos tirés des sacoches. 

Nous voici dorénavant engagés "sur la bonne voie", tantôt le long du Doubs, tantôt le long de son canal  jusqu'à MONTBELIARD. Elle offre à voir biefs, moulins, méandres, îles, truites, hérons, clochers... 

En majeure partie ombragée, elle s'interrompt parfois, nous invitant avec une signalétique parfaite à emprunter quelques centaines de mètres de route voisine. Cette véloroute, qui ne présente pas la succession éprouvante de bosses imposées par les franchissements d'écluses, est bien plus agréable que les chemins de halage aménagés en voie verte le long des canaux. Nous faisons halte pour le repas et le repos à BOUSSIERES-PAPETERIE, ancienne cité ouvrière de BOUSSIERES rassemblée autour de ce qui reste d'une papeterie encore en activité : bâtiments d'usine semblant abandonnés, logements ouvriers, maison du maître.

Citadelle de Besançon au loin

Petit à petit l'habituelle pression des infrastructures urbaines se fait sentir à l'approche de BESANçON ; le réseau routier se densifie, d'énormes travaux de voirie assourdissent les environs, alors qu'affichages, enseignes, et chaufferies enlaidissent l'horizon. Au milieu de tout cela un îlot de verdure précède cette belle ville poussée autour de sa citadelle, et bien plus en encore en contrebas. Celle-ci domine un étroit méandre coupé par un tunnel-canal ; enfin un peu de fraîcheur, mais tout de même pas jusqu'à rencontrer du verglas ! 

La carte Michelin signale un camping à CHALEZEULE qui n'est pas indiqué sur la VR6. La fatigue et la chaleur amplifient notre crainte qu'il n'existe plus et qu'il faille poursuivre bien plus loin ; mais sorti de la VR6, il suffit de revenir après CHALEZE un bon kilomètre en direction de BESANçON par une 3 voies. La camping est municipal, en contrebas de la route, coincé entre piscine et plaine de jeu aujourd'hui surpeuplés. Tous les centres de loisirs du secteur organisent une après-midi de jeux sportifs. Le bruit de la 3 voies l'emporte sur celui des centaines d'enfants ! Nous testerons à l'occasion de cette étape le quotidien du "campeur rampant" puisqu'il n'y a ni table ni chaise, malgré toutes nos tentatives de persuasion du personnel.

Jeudi 8 juillet 2010

La papète au papy

CHALEZEULE - CHALEZE - VAIRE-ARCIER - DELUZ - BAUME LES DAMES - CLERVAL - L'ISLE SUR LE DOUBS - COLOMBIER FONTAINE - ETOUVANS - VOUJEAUCOURT - MATHAY - MANDEURE à 16h45  (100 km)

C'est aujourd'hui sans doute la plus belle portion de véloroute que nous empruntons entre BESANçON et CLERVAL.  

  Plissement jurassien

Les biefs et les moulins se multiplient ainsi que les bâtiments industriels désaffectés. Celui de DELUZ est si important que nous profitons de la promenade matinale de René sur les berges du Doubs. Nous ne pouvions pas mieux trouver : le papy est bavard, il connaît très bien le bâtiment et le village puis qu'il y est chez lui devant "sa papète", là où il a vécu toute une vie familiale et professionnelle de contremaître responsable de l'organisation du travail des différentes équipes. Nous écoutons sagement avec grand intérêt un rappel d'histoire industrielle, de paternalisme patronal social, et des mouvements sociaux des XIX et XXème siècles. René a conservé bien des documents et des cartes postales, nous l'encourageons à organiser tout cela autour d'un écrit. Nul doute qu'un peu plus tard dans la journée, à la recherche désespérée d'un hébergement, nous aurions probablement trouvé un carré de pelouse accueillant chez René que nous quittons presque à regret. 

Si les papeteries sont nombreuses sur le cours de cette portion de rivière, les clochers comtois "à impériale" le sont encore plus. Celui de DELUZ actuellement en réfection ne fait pas exception, dominant le village comme un gros bouton floral émergeant du feuillage.

La véloroute à l'approche de BAUME LES DAMES présente un peu plus de relief au point que deux où trois courts "raidards" nous imposent des "braquets d'asthmatique". Notre vitesse de gastérocycle permet à Luc arrivant en sens inverse de me reconnaître. Ces rencontres fortuites ont un côté magique, elles sont toujours de grands moments de bonheur : nous avons partagé beaucoup de kilomètres et aujourd'hui, par le hasard de cette VR6, nous nous croisons avec tant à  raconter et si peu de temps pour le faire... sauf à nous détourner l'un ou l'autre de la route poursuivie. Le crochet ne sera aujourd'hui que d'une demie heure en terrasse d'un café du village. Luc n'a plus que quelques jours de vacances, il rentre d'un périple "multisport" habituel pour lui et qui a consisté à : 

          - descendre seul en vélo et autonomie de DIJON jusqu'aux Pyrénées,

          -  courir un grand trail en montagne du genre 100 km,

          -  remonter en vélo bien entendu toujours en autonomie en réalisant dans les délais la diagonale HENDAYE - STRASBOURG,

          -  puis à revenir à DIJON par la plaine d'Alsace.

Je ne crois pas l'avoir déjà vu si maigre. Si par hasard un jour vous l'invitiez à manger, prévoyez copieux et consistant, et si en plus vous avez des restes...,vous n'en aurez plus quand il aura repris la route !

Plus nous approchons de MONTBELIARD, plus la vallée s'élargit. Plus nous avançons dans la journée, plus la chaleur devient assommante. La forêt recule vers les coteaux,  l'ombre se fait rare, la fin de parcours sera donc bien laborieuse. Si nous devons affronter deux vraies belles bosses en plein soleil dans les 15 derniers kilomètres après avoir contourné l'agglomération Montbéliarde par le sud, il faut bien avouer également les deux vraies belles descentes. A défaut de fontaine ou d'estaminet, ce sera un cimetière qui nous offrira une eau tout de même si différente de celle du fond de nos bidons, qu'elle semble fraîche et savoureuse.

Le courage manque pour le petit détour par le théâtre romain de MANDEURE, nous lui préférons les douches du camping municipal.

L'accueil de la gardienne et de la pizzaïolette est fort chaleureux. Nous nous installons avec table et fauteuils de bar tout près de l'entrée, un peu à l'écart d'énormes caravanes aux climatiseurs ronronnant, toutes plus rutilantes et astiquées les unes que les autres, occupant les 3/4 des emplacements. En fait de gens du voyage, ce sont aussi des artisans regroupés dans la région pour proposer la réfection des nombreuses toitures endommagées par l'orage de grêle du printemps dernier.

Philippe a chauffé de la plante des pieds, du front et du nez. Les premiers se sont contentés de respirer du grand air,

les autres se sont vu généreusement tartiner de crème. J'ai également chauffé de partout et me voici une fois de plus aussi rouge que mon maillot.

2 pizzas chauffent dans le four du camion à l'entrée du camping, elles nous permettront de prendre tout le temps nécessaire pour refroidir sans avoir à cuisiner... Ainsi aborderons-nous demain, rassasiés, rafraîchis et reposés, la première vraie étape de montagne débutant la GTJ. 

© F6

publié en août 2010

NB : en cliquant sur chaque photo celle-ci s'ouvre bien plus nette dans une nouvelle fenêtre, c'est plus chouette à contempler. En bas à gauche deux flèches permettent de faire défiler ensuite toutes les illustrations de la publication.

Comments

[Phil du 62]

Heu... Si vous voulez, je peux faire une photo de mon autre pied ? D'autant plus que je me suis mis à la basse cette année...

Pi que, même, je tripote les boutons de mes pédales d'effets avec mes doigts de pieds. c'est le pied quand même, c'est important... ;-)

[Mireille du Sabl]

..oserais-je le dire? oui, c'est l'pied! J'ai aimé vous retrouver dans l'amitié, le partage, les efforts, ces magnifiques photos d'une région à visiter encore et encore...en vélo ou en voiture pour moi! Merci les gars, je reviens pour la suite même si je la connais. Gros bisous du jour de Mireille du Sablon

[lesdoudousdeva]

remarquable périple, quelle belle région et bravo aux champions

bonne journée

[marie-édith]

Superbe balade. Je pense tout de même qu'il faut un certain entraînement pour la réaliser.

Quand je vois les orteils de Phil, le poète guitariste, je me dis qu'il serait bien capable de nous jouer un petit air avec tant ils paraissent souples et déliés.

big bizzz.

[Phil du 62]

Ah... Bon... C'est que, j'ai parfois des difficultés avec l'humour qui pourrait être... "grinçant". Bonne journée